Le petit oublié de Pixar

Il est marrant de voir que 1001 Pattes, à l'exact opposé de son prédécesseur Toy Story, n'a pas atteint le statut de film d'animation culte au fil des années malgré son succès critique et commercial évident.
Produit par Pixar Animation Studios et toujours distribué par Walt Disney Pictures, 1001 Pattes a beau toujours bénéficier de nos jours d'une plutôt belle réputation, personne ne semble vraiment soucieux de savoir si oui ou non, ce Pixar pourrait disparaître petit à petit de la mémoire collective.
Même les moins bons films du studio comme Cars sont plus mis en valeur grâce à leur fort potentiel économique sur les marchés de jouets. Mais 1001 Pattes n'a pas reçu le même niveau d'attention.

Ceci est sûrement dû au fait que contrairement à Toy Story et les futurs bijoux du studio de Luxo Jr., 1001 Pattes possède une histoire bien plus simple et n'offre pas la même seconde lecture que pour un Vice-Versa ou un WALL-E.
L'intrigue se focalise en effet sur une idée de base on ne peut plus basique: Une armée de sauterelles exploite régulièrement une communauté de fourmis en leur demandant des rations de nourriture importantes. Une de ces fourmis, en ayant assez et devant réparer sa faute commise envers la fourmilière, va se mettre en quête de trouver des insectes suffisamment forts pour qu'ils puissent aider les fourmis à se débarrasser une bonne fois pour toutes des sauterelles.

Le propos est simple mais pas dénué d'intérêt.
John Lasseter et Andrew Stanton, tous deux co-réalisateurs et co-scénaristes du film, savent heureusement comment bien exploiter leur concept de base.
Notamment à travers le grand méchant du film, Le Borgne, qui n'est pas l'antagoniste unidimensionnel que le pitch peut laisser penser. Une très bonne scène le montre effectivement en train d'expliquer aux siens en quoi leur domination sur les fourmis est essentielle pour leur survie. Ce n'est pas une action par pur méchanceté mais par peur. Les sauterelles sont conscientes que les fourmis pourraient les écraser en étant unies et que sans elles, elles ne pourraient aussi bien se nourrir. Le but est donc de les manipuler et de faire en sorte qu'elles ne puissent pas avoir confiance en elles. Le plan est astucieux et évite ainsi au film de tomber dans tout manichéisme.

Un autre aspect très appréciable de 1001 Pattes, c'est définitivement la manière dont il fait l'éloge de la création et de la construction. J'adore les films qui arrivent à rendre le bricolage et les travaux manuels divertissants par n'importe quelle manière. Ce Pixar y arrive très bien de par son rythme parfaitement bien géré et ses personnages hauts en couleur.
Si les deux héros principaux que sont Tilt et la Princesse Atta ne sont pas particulièrement intéressants (sans être mauvais pour autant), les personnages secondaires sont très drôles et variés. La Bande du Cirque est sans aucun doute une des plus belles créations du film.

L'autre énorme progrès comparé à Toy Story, c'est son évolution visuelle. C'est absolument magnifique! Même encore aujourd'hui! On peut évidemment repérer à plusieurs reprises des textures un peu faiblardes par-ci par-là mais globalement, c'est un travail impressionnant. Le gigantisme des environnements naturels comparé à la taille minuscule des insectes est très bien représenté et les couleurs sont magnifiques. Entre ce film et Toy Story 2, on saurait à peine lequel est sorti avant ou après.

Le film s'appuie également sur une très belle bande-originale composée par Randy Newman qui n'a rien à envier à celle que le compositeur avait livré 3 ans auparavant pour Toy Story. Une belle réussite à ce niveau.

Il est important selon moi que 1001 Pattes soit davantage montré à tous les publics afin qu'il ne disparaisse pas totalement du patrimoine pixarien. Il serait dommage d'abandonner de la sorte ce bien bon film qui tient encore très bien la route aujourd'hui. Définitivement pas un des meilleurs Pixar mais une production très sincère et rafraîchissante.
À redécouvrir d'urgence.