L’Amour est contagieux, le Partage est douloureux

Les maladies virales ont créées de multiples enjeux sociétaux depuis quelques décennies. Le VIH et tout ce qui peut lier au sida est devenu une problématique indispensable pour les personnes atteintes. C’est pourquoi de nombreuses associations militantes luttent contre cette maladie, encore incurable de nos jours. Act Up-Paris est un de ces mouvements qui œuvre pour le bien-être et la santé d’une communauté en danger de mort. Le réalisateur Robin Campillo a lui-même fait partie de ce groupe et nous propose bien plus qu’une simple autobiographie. Le sentiment de colère et d’impatience se révèle bien réel. L’urgence est la seule condition qui motive ces jeunes comme les plus âgés afin qu’ils soient entendus et visibles par les médias et les laboratoires de recherche. Mais au sein d’une même cause, les opinions divergent d’une personne à l’autre, dévoilant ainsi le caractère humain dans ce groupe très rapproché dans le cœur.


On ouvre avec une intervention hautement mouvementée, où l’on se permet de débattre entre les aces et le discours. La violence fait alors partie intégrante de chaque intervention. Rarement physique, mais surtout morale, elle illustre à la fois la détermination et la détresse des membres qui composent le groupe Act Up. Ce n’est qu’après coup que l’on découvre les personnages. Homosexuels pour la plupart, mais atteints du VIH avant tout. Ce collectif dévoile tous les individus qui dépensent toute leur énergie pour leur survie. Pour se faire, la méthode démocratique est nécessaire, d’où les divers débats et préparations dans un amphithéâtre. Une certaine forme de respect les unie, mais comme tout débat, les oppositions se créer au fur et à mesure qu’une idéologie se développe. On passe alors rapidement à une étude de cas de séropositifs, tiraillés entre leur combat collectif et individuel.


Par ailleurs, on entre dans un univers concret, là où toute la force du film finit par sensibiliser. Proche de l’homme, proche de la vie, proche de la mort. La proximité avec Sean (Nahuel Perez Biscayart) propose une lecture riche et sensuelle par bien des aspects. La sincérité qu’il déploie, qu’il partage est le maître mot de son caractère si combattif. Il n’y a pas d’excès dans le jeu et sa prestation parle pour tout le monde. L’authenticité se ressent dans son expression, car il occupe autant de place que ce qu’entreprend Act Up dans les divers séminaires et manifestations publics. Sec dans les propos, on n’hésite pas à employer les mots et à dévoiler des images choquantes mais pourtant réelles. Il y a une réalité qui commence alors à embrasser la cause et le second plan du discours concerne toute la communauté retranchée dans leur coin. On rend alors justice à ce mouvement, appliquant la house music des années 90 au dynamisme des jeunes, piégés dans leur condition de souffrance permanente.


Ainsi, on se permet de renouer le spectateur avec le film Français, dans un élan de sensibilité grandiose. Le ton et la subtilité que l’on contemple au fur et à mesure du récit permet d’affirmer haut et fort que le succès est mérité. Il n’est pas seulement question du sida dans l’histoire. Bien que le film prône les déboires d’une association, il ne faut pas écarter les « autres » de nos regards. Ceux qui se battent pour leur « liberté » ne sont pas toujours les plus appréciés par l’opinion public. Il se trouvent même ignorer la plupart du temps. Ce que nous dévoile « 120 Battements Par Minute » est le poids, ainsi que l’impact de ce que l’on nous censure. Et cette absence d’information est ancrée dans une culture qui tend à éviter les problèmes ou bien à les déplacer. Cependant, le cycle renouvelle sa colère et prend plus d’ampleur alors que la population se diversifie de plus en plus. La quête d’un tremplin moral et concret est un puissant reflet de la rigidité d’un système qui stagne. Ce fantasme reste inaccessible pour beaucoup et l’espoir n’est permis que si l’on consomme pleinement sa vie. Voilà l’hommage et le message que l’on efforce de faire passer, avant de perdre sa propre dignité.

Cinememories
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le 3 janv. 2018

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