C'est la sensation des césars puisque le film a récolté pas moins de 6 récompenses, sachant qu'auparavant, il avait reçu les honneurs de Cannes. On est au début des années 1990 et le film retrace les actions et les atermoiements d'Act Up. La première force du film tient justement dans cette volonté de montrer le militantisme sous un jour réaliste. Il met en avant l'engagement de ces jeunes de divers horizons. Il pose aussi les questions de l'efficacité et de la médiatisation de la lutte. Cette facette est assez passionnante et on est plongé au cœur des AG et de leurs remous. La caméra s'attarde sur ces personnages si expressifs qu'on en vient à partager leurs coups de sang ou leurs rires. On jubile également devant l'audace des opérations coup de poing qui tentent de réveiller une France pantouflarde. Et peu à peu, le regard se focalise sur quelques personnages en particulier puis un seul. C'est la deuxième force du film. Il parvient à faire coexister le collectif et le particulier. Il sait adopter différents points de vue et l'articulation de ce changement d'échelle se fait le plus naturellement du monde, on se laisse porter. On devine bien sûr que tout ça va vers la tragédie mais à aucun moment ne vient l'injonction de l'émotion. Libre à chacun de réagir en fonction de ce qui l’interpelle. La fin, belle, sombre, fiévreuse et éclatante finit de nous convaincre que oui, l'engagement, c'est beau.