Sans pour autant puer, ça fouette un peu le raté.

Quel internaute de SensCritique n'a pas entendu parler de 12 Years a Slave ? Probablement aucun vu les efforts mis en oeuvre par le site pour en assurer la promotion à travers de larges bandeaux sur la page principale. En tout cas force est de constater que pour moi ça a fonctionné puisqu'avant cela ce film m'était totalement inconnu et là je me retrouve à en rédiger la critique...J'ai donc cédé au matraquage promotionnelle et même si je salue la découverte de cette oeuvre, je pense qu'une séance au cinéma est plus que dispensable. Attention, le film est loin d'être mauvais mais il est également loin d'être inoubliable.

12 Years a Slave c'est l'histoire de Solomon Northup, un musicien afro américain né libre et vivant paisiblement avec sa famille dans le nord du pays. Un jour il se fait abuser par deux artistes itinérants et se retrouve captif d'esclavagistes dans le Sud des Etats-Unis ce qui signe donc l'abolition de ses droits d'homme libre. Et d'être humain. Chiwetel Ejiofor campe un Solomon très juste et touchant. Particulièrement au début lorsqu'il découvre ses entraves et sa nouvelle condition. Pas besoin d'avoir la fibre empathique exacerbée pour saisir que ça doit faire un choc. Mais l'acteur s'en sort bien.

D'ailleurs tout au long du film il assure une prestation de qualité. On assiste en douceur à sa prise de conscience, à sa résignation puis à la routine de son quotidien d'esclave. Il ne dénote jamais contrairement aux autres protagonistes, esclaves et maîtres, qui donnent l'impression de n'être que de passage et/ou de faire-valoir à la condition de Solomon. Ce sentiment s'accentue encore d'avantage lorsqu'on réalise que les scènes s'enchaînent sans réel liant. McQueen empile donc les situations et n'essaie pas d'accompagner psychologiquement le spectateur. Il raconte l'histoire de Solomon coute que coute et néglige tout le reste.

Malheureusement pour accompagner ses images, S. McQueen a choisi Hans Zimmer pour signer la Bande Son. Et c'est une grave erreur. Le thème principal est non seulement très proche de celui d'Inception mais a fortiori il est utilisé à toutes les sauces jusqu'à l'écoeurement. Pire, les "PooooIIiiiIIiIIInnn" si chers aux grosses prod' modernes sont également de la partie et ne collent ABSOLUMENT pas au propos ! C'est un peu comme si H. Shore utilisait du Black Metal (sans rapport avec le sujet de ce film) dans le Seigneur des Anneaux. Juste NON. NON NON NON et NON. Ce genre de sonorité n'a rien à faire là (ni ailleurs, selon moi).

C'est vraiment un choix artistique que je ne comprends pas. Surtout qu'à certains moments S. McQueen tente des plans fixes en mode "cinéma d'auteur" et autant je les ai trouvés réussis autant 2 fois sur 3 la B.O. vient les bousiller. Pour ce qui est de la réalisation dans son ensemble, McQueen s'en sort plutôt bien. Environnements, costumes, photo, cadrages; j'ai globalement apprécié tous ces éléments. Ca m'a d'ailleurs donné envie de m'intéresser à la filmographie du monsieur dont 12 Years a Slave est la troisième oeuvre. Et ouf de soulagement, H.Zimmer n'est pas de la partie dans les deux autres films !

J'ai lu à droite à gauche que le film choquait pour sa violence crue montrée sans détour aux spectateurs. Mouarf, étant difficilement impressionnable et profondément cartésien ça ne m'a pas dérangé et si je n'avais pas vu ces retours je n'aurais pas fait mention des sévices corporels qui sont visibles le temps d'un plan ou deux. Est-ce que ça apporte quelque chose au film ? Vous en serez seul juge mais de mon point de vue je trouve ça bien de montrer la réalité telle qu'elle est. Sans fioriture. D'ailleurs dans l'ensemble c'est ce que McQueen fait avec son film mais sans jamais élever le propos.

En gros, ce film ne vous apprendra rien de spécial sur la période. C'est traité avec le respect de la réalité mais le film peine à réellement embarquer le spectateur. J'ai même envie de dire que ça manque un peu de pathos. Pour moi le réalisateur ne livre pas un film assez personnel. Mais ce sentiment est peut-être induit par le réel manque de liant entre certaines séquences. En tout cas en l'état 12 Years a Slave est un film correct qui se laisse regarder. Je ne recommande pas forcément une séance au cinéma mais en DVD/Blu Ray/chez soi dans son canapé ça peut être une séance agréable. Mais pas de quoi fouetter un chat non plus.

Créée

le 28 janv. 2014

Modifiée

le 29 janv. 2014

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MarlBourreau

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