Les différences entre la version de William Friedkin, et l'original de Sidney Lumet, sont nombreuses. Mais ce sont seulement de petites touches par-ci, par là, qui nuancent la perspective, et qu'on ne décèle que si l'on connait l'original par cœur. Il n'y a pas de bouleversements ni du scénario, ni des dialogues. Et ce remake risque fort de passer pour totalement identique chez la plupart. C'est à la fois assez logique vu qu'il s'agit de l'adaptation de la même pièce, et assez déconcertant qu'un pareil projet ait été entrepris. Rares sont les exemples de reprise aussi similaire d'un film, tout remake que celui-ci puisse être. C'est ici la même situation que Psycho version Hitchcock, et version Gus Van Sant.
La seule différence vraiment notable concerne le juré n°10 qui n'est plus ici un vieux monsieur raciste, mais un suprémaciste noir. Le fondement du projet est sans doute de montrer le caractère similaire d'une idée, que l'histoire se déroule dans les années 50 ou les années 90, et d'adapter l'histoire pour la mettre au diapason d'une époque. En gros, de moderniser l'ensemble. Mais l'exercice a beau être intéressant, il est un peu vain. Car le film de Lumet n'a jamais vraiment eu besoin d'un lifting. Et en 2025, il n'a toujours pas pris une ride.
Sur la forme, beaucoup de plans caméra sur l'épaule, et des plans plus serrés sur les visages. Ce qui n'est pas étonnant vu que Friedkin vient du documentaire à l'origine. L'ensemble renforce un tantinet le réalisme et limite les effets de mise en scène. Mais c'est là aussi assez vain car le film d'origine est un huis-clos dont les effets sont déjà nécessairement limités.
Reste que la bonne réception de ce très bon téléfilm - car c'en est un - aura, de son propre aveu, donné à Friedkin l'envie de refaire à nouveau sérieusement du cinéma, après avoir passé près de 10 ans à réaliser ses pires trucs. Donc rien que pour ça, cette version de 12 hommes en colère est sympathique.