Avec 1917, Sam Mendes signe un film de guerre ayant la volonté de rendre hommage aux soldats de 14-18 et particulièrement à son grand père. Celui-ci lui raconta longuement ses souvenirs de cette période. A partir de ces souvenirs, Mendes chercha le meilleur moyen d’arriver à ses fins et décida d’opter par le plan séquence ou plutôt plusieurs plans séquences montés en un afin de rendre compte du courage des messagers de guerre par une immersion la plus totale possible.


Le film raconte l’histoire de deux soldats britanniques, Schofield et Blake devant empêcher le lancement une attaque de leur propre camp contre celui des soldats allemands. Ces derniers ayant prévu de leur tendre un piège qui occasionnerait des milliers de pertes humaines chez les britanniques. Et sauver de ce fait le frère d’un des deux soldats, engagé dans les lignes concernés par ladite attaque.


Avec un tel concept de réalisation, on peut s’attendre a quelque chose de très spectaculaire et quelque peu déshumanisé, ou la recherche de la performance se fait au détriment des personnages. Ou pire a une approche que l’on qualifiera d’Inarrituesque ou la caméra se fait sentir sans arrêt quitte a en devenir très gênante. Ce n’est pas le cas ici, le sujet et l’angle choisis, une plongée au chœur du chaos s’y prêtent bien plus que des déambulations et des diatribes dans un théâtre. D’autre part si la qualité des deux interprétations principales par George McKay et Dean Charles Chapman est si impressionnante, c’est que les enjeux du film sont au départ très simples et les héros résumés a très peu pour s’approfondir au fil du périple. L’un est réfractaire a la mission, l’autre veut aller le plus vite possible aller sauver son frère. Ce n’est que ça et c’est très bien comme ça.
D’autant que les futures dialogues étofferont quand il le faut les positions de chacun avec des arguments entendables de chaque côté : l’un défendant notamment la valeur et la signification d’une médaille quand le second vend ses récompenses pour se payer a boire, puisqu’il faut bien se trouver un peu de réconfort immédiate.
Les deux compères passent ainsi par plusieurs points emblématiques que ce soit les cachettes souterraines, ou bien sur les tranchées a découvert. C’est surtout l’arrivée dans la ville française en ruine pour un instant de repos qui marquera les esprits, portée par la musique de Thomas Newman et la photographie de Roger Deakins tout deux au maximum de leurs possibilités a ce moment-là.
Cet aspect découverte de mondes se rapproche d’un jeu vidéo en monde ouvert et ce n’est pas la seule fois ou l’on pense à cela. S’il est beaucoup question tout au long de l’aventure d’éviter des ennemis ou de sauter des obstacles, il est aussi possible de penser a des jeux type survival. Lors des scènes de découvertes de lieux ennemis, la caméra de Mendes filmant très près du corps et du dos de son protagoniste, laissant l’impression qu’un antagoniste peut surgir à tout moment.


Les inconvénients de ces deux approches empêchent le film d’être encore meilleur, car nous n’évitons les quelques affèteries propres a un film avec une volonté de plan séquence que ce soit, les passages par les mottes de terre pour les coupes ou la volonté de créer pendant quelques secondes un suspense inexistant quant à l’identité des acteurs « guests-stars » dans les rôles des supérieurs hiérarchiques des soldats. Pour ce qui est des défauts inhérents a la démarche visant à se rapprocher d’un art vidéoludique, on pense surtout aux traitements des soldats adverses, assez caricaturaux, semblant se comporter « comme des nazis », sans le moindre moment leur laissant un minimum d’humanité.


Il faudra attendre de le voir au delà de l’expérience sur grand écran pour juger de la pérennité de 1917, les quelques défauts cités plus empêchant de le considérer comme un candidat convenable aux futurs Oscars dans une année particulièrement relevée par d’autres cinéastes hollywoodiens.

Martial_Le_Sommer
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le 22 janv. 2020

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