Attention, la "critique" peut contenir quelques spoiler (même si c'est davantage un film à sensation qu'un film à scénario). Le mot critique est entre parenthèse car je ne juge pas que c'est une critique. Je voulais écrire une annotation sur une liste mais elle dépassait le nombre de caractère. Je publie donc mon avis ici.


Le dernier bébé de Sam Mendes impressionne. En premier lieu il essaye visuellement de poursuivre le travail remarquable qu’il a déjà effectué avec son directeur photo Roger Deakins sur Skyfall notamment sur son final remarquable ou le feu embrasé la nuit qu’on retrouve aussi ici sur certaines scènes de 1917. Mais surtout, il poursuit son travail sur Les sentiers de la perdition ou Mendes tentait de mélanger dans son œuvre à la fois l’espoir d’une vie heureuse et paradisiaque et l’impossibilité de cette dernière car l’homme est mauvais et cherche le chaos.
Cette synthèse était palpable dans l’un des magnifiques plans de fin des sentiers de la perdition ou à travers une vitre, Tom Hanks regardait son fils jouer au soleil au bord de la mer (le paradis et l’espérance d’une vie calme et heureuse) alors qu’en reflet de la vitre apparaît le personnage de Jude Law (quasiment le diable en personne dans le film) sur le point d’abattre Tom Hanks et tous les espoirs de cette vie heureuse.


Pour voir de quoi je parle, voici le lien de la scène. Pour y accéder, il faut aller au time code de 2:20


https://www.youtube.com/watch?v=2RSbd5xhVYA


Mendes essaye ici de mélanger ses deux visions drastiquement contraires au sein d’une même scène. De ce fait, quoi de mieux que d’utiliser le plan s séquence afin de ne pas couper mais au contraire d’unir ses deux contraires. On retrouvera principalement cela dans trois scènes. La première ou un personnage explique que quand les cerisiers pourrissent, ils engendrent des graines afin que d’autres repoussent, la deuxième, quand le personnage tente de s’extraire d’une rivière avec d’un côté des cadavres qui flottent pendant que les fleurs des cerisiers tombent à même la rivière et que le soleil se lève.


Enfin la dernière scène qui fait à l’écho à la dernière ou le héros se repose près d’un arbre. Dans la première scène il fait semblant afin de ne pas être choisis pour la mission et échapper à l’horreur. Dans la dernière scène, il s’assoupit conscient que le pire est passé est en espérant des jours heureux. Le plan séquence n’est donc pas un simple attirail technique mais un procédé pour unir au mieux cette espérance des jours meilleurs et de l’horreur de la guerre. Le décor et la nature joue donc un rôle prépondérant dans l’éveil de ses sentiments contraires (je parlais de fleurs de cerisiers qui tombaient et se mélanger au cadavre plus haut) et on peut voir pour cela des similitudes à un autre grand film de guerre : La ligne rouge.


Là aussi l’environnement est aussi important voir plus que l’homme qui n’est finalement que peu de chose. On peut également effectuer d’autres parallèles, avec notre héros qui marche souvent à contre sens des autres personnages qu’il rencontre (que ce soit dans les tranchés ou sur le champ de bataille à la fin). Alors que lui tente d’éviter un massacre et se dirige sur l’optique d’apporter de l’espoir, les autres sont souvent des personnages déjà résigné ou qui vont à l’abattoir et se dirige vers le chaos. Cela rappel également cette magnifique scène de Hacker de Michael Mann ou Chris Hemsworth se dirige à contre-courant de la foule afin de se débarrasser de ses poursuivants.


Hormis cela bien entendu c’est magnifiquement mis en scène, la photo est à tomber (cette scène dans les ruines avec le feu qui crépite dans la nuit puis la course poursuite par la suite est à tomber) et la B.O est monstrueuse. On peut déplorer quelques petits problèmes de rythme (n’est pas Innaritu avec Birdman qui veut) notamment la partie chez la française, mais c’est finalement peu de chose, devant l'expérience proposé.

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le 19 janv. 2020

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KS-1695

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