J'avais prévu d'aller voir Split à la base, la séance était complète (voilà bien la première fois que ça m'arrive !). Je me suis rabattu sur ce film qui figurait également dans ma liste à voir (longue la liste, longue) et je n'ai pas été déçu. Au vu de son casting, de la bande annonce (pas vu), des visuels glanés ça et là, on pourrait m'objecter que nous avons à nouveau là un énième film indépendant pour Sundance, oui et non car ça va un peu plus loin que ça.


Tant dans son propos (mêler la vie d'un jeune garçon au regard de trois femmes de différentes générations et donc donner des points de vues tant sociologiques qu'identitaires et sexuels propres à la construction d'un être humain en regard de son sexe et de comment il est perçu par les autres) que sa mise en scène (qui mêle tour à tour fiction et documentaire --les photos et extraits vidéos qui apportent toujours une contextualisation bienvenue-- que clippesque --et c'est en soi logique puisqu'on entre dans les années 80 peu après. Le film dresse clairement 1979 comme frontière avant un grand changement --aussi bien en montrant l'éphémère mais énergique mouvement punk que Nixon plus tard-- essentiel et historique avant une décennie totalement différente mais dont les prémisses se font sentir par petites touches), le film marque des points.


Les comédiens sont épatants aussi.
J'ai toujours été fan d'Elle Fanning, pour moi plus douée que sa grande soeur donc je suis à nouveau conquis. La voir jouer une personne se changeant discrètement en zombie dans Super 8 représentait pour moi basiquement l'essence de ce que peut être un jeune comédien et comment il capte et vit avec son métier (qui est un travail d'apparences et de construction --qui peut rejoindre la construction identitaire, il n'y a qu'a voir comment certains sont "habités" par leurs rôles, et souvent la vie s'est mêlée à la fiction on le sait). Rien à dire sur Annette Bening, parfaite, ambigüe, tour à tour cassante et touchante. Greta Gerwig aussi est parfaite. Elle m'a scié. Et Billy Crudup tout comme le jeune Lucas Jade Zumann, rien à redire.


Bref, un film drôle, émouvant, rythmé (cette B.O Punk qui fait cohabiter les Talking heads avec Louis Armstrong, Black Flag avec Bowie et les Buzzcocks et puis y'a les Clash, bien sûr, indispensables !). Et puis son jeu de voix-off qui m'a renvoyé au "dialogue" de Neruda mais ici plus détaché, toujours en regard avec le passé, le présent, le vécu et l'avenir. Et puis du vécu où l'on va tous se retrouver (on a tous connu cette fille qui nous a fait un peu trop battre le coeur, ne niez pas...).


Je suis sorti du film sur un petit nuage. Le truc qui fait un bien fou. C'est pas tous les jours qu'on voit un film citer directement Koyanisqaatsi, le féminisme, Siouxsie and the banshees et une discussion sur le rôle du clitoris là comme ça, sur le pouce, presque entre le fromage et le dessert. o_O


Je veux le revoir.

Nio_Lynes
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top films 2017, Les meilleurs films de 2017 et Les meilleurs films des années 2010

Créée

le 8 mars 2017

Critique lue 322 fois

2 j'aime

Nio_Lynes

Écrit par

Critique lue 322 fois

2

D'autres avis sur 20th Century Women

20th Century Women
Sergent_Pepper
7

Les trois rages de la femme

« I don’t need a book to know about myself », clame Annette Bening à son fils, qui vient de lui citer un extrait d’un ouvrage féministe aussi poétique que convaincant. Cette réplique, un peu...

le 13 juin 2017

18 j'aime

4

20th Century Women
JorikVesperhaven
6

Une chronique douce-amère pétri de charme mais qui tombe trop souvent dans les poncifs du ciné indé

Mike Mills signe une chronique rétro d’une infinie douceur et d’un charme dans lesquels on aime se laisser porter. Sporadiquement cependant, l’effet d’accroche ne fonctionnant que par bribes, certes...

le 7 mars 2017

14 j'aime

1

20th Century Women
Frédéric_Perrinot
7

Générations

Mike Mills est un cinéaste encore peu connu, qui commence doucement mais surement à faire parler de lui. Après un premier long métrage en 2005, Thumbsucker, et quelques courts métrages, il s'est...

le 28 févr. 2017

8 j'aime

Du même critique

Un grand voyage vers la nuit
Nio_Lynes
5

Demi voyage nocturne

C'est toujours frustrant de voir un film avec de grandes possibilités gâchées par plein de petites choses. Et en l'état, même s'il est rare que je me livre à l'exercice de la chronique négative, je...

le 20 févr. 2019

23 j'aime

6

Üdü Wüdü
Nio_Lynes
9

Cri barbare

Üdü Wüdü comme les deux albums qui suivent sont de nouvelles directions pour Magma qui cesse momentanément ses trilogies en cours. Le premier volet de Theusz Hamtaahk est par exemple fini dans son...

le 25 avr. 2017

21 j'aime

2

If I Could Only Remember My Name
Nio_Lynes
10

Musique au crépuscule

« Quelques jours après le début des répétitions, je passai par Novato pour rendre visite à David et Christine. Ils habitaient une grande maison de campagne avec Debbie Donovan et un certain...

le 28 août 2018

17 j'aime

25