Un contenu inspirant

20th Century Women est une introspection autobiographique de Mike Mills sur les trois femmes qui l'ont élevé. L'image est assez classique, on peut y retrouver du Richard Linklater. Des choix esthétiques sont faits mais ce n'est pas là que le film s'avère novateur.

L'une des caractéristiques majeures de ce film est de voir les personnages à travers le prisme d'une vie, non d'une période extraordinaire de leur vie. Ainsi, on a le droit à de nombreuses accélérations de l'image tout au long du film. C'est, par ailleurs, je pense l'une des raisons pour lesquelles le réalisateur installe le film en 1979 : cela lui permet de voyager autant dans le passé que dans le futur de l'action. Et bien que l'on retrouve des éléments de réel uniques à cette période, on en voit aussi l'universalité. Les femmes que le réalisateur nous présente sont des femmes d'aujourd'hui, la cause féministe est encore un combat, la surconsommation et l'individualisme décrits par un discours à la télévision dans le film est encore aujourd'hui une de nos crises, le monde de demain nous semble pire que celui d'hier, nos mères sont plus conservatrices que nos amies de 20 ans, les filles qui couchent à droite à gauche en en parlant ouvertement courent encore le risque d'être appelées "salopes". C'est un film qui fait rire tout comme il peut parfois nous mettre mal à l'aise car il a le talent de parler de ces petites choses que tout le monde connait, ressent, dit ou n'ose pas dire. De montrer ces regards que l'on reconnait.

Nous ne sommes pas dans les structures habituelles des films américains et cela fait du bien. On navigue sur un flow d'idées et d'approfondissement des portraits de ses personnages. J'aime particulièrement le fait que le réalisateur n'ait pas cédé aux désirs des personnages pour faire plaisir aux spectateurs. Ainsi, Jamie, dont le film prend la plupart du temps la perception, est amoureux de Julie sans y trouver de retour. Pendant la plupart de la durée du film, on a envie que Jamie parvienne à la séduire. Il a créé en nous ce désir, cela parait comme l'un des buts du film. Dans un film américain typique, ce personnage du "héros coincé dans la friend zone" parviendrait à ses fins comme si à force de dévotions et de gentillesse, la fille lui devait bien ca. 20th Century Women ne tombe pas dans cela.

Pas de culture du viol ici.

On ressort de ce film avec de la douceur et l'impression d'avoir passé deux heures avec des gens loin de nous être étrangers.

Point bonus : Greta Gerwing, il faut le dire, y interprète l'un des personnages les plus justes et inspirants que j'ai pu voir au cinéma.