C'est une usine désaffectée au coeur de Chengdu que Jia Zhangke filme pour continuer sa documentation de la Chine et de son peuple. A la manière de Guiraudie avec "Ce vieux rêve qui bouge", le réalisateur s'intéresse avant tout à l'humain. Le flot d'ouvrier uniformisé par l'uniforme sortant de l'usine est, lorsqu'on s'en approche, composé de personnalités uniques avec leurs tragédies personnelles. Chacune d'entre elles, entre documentaire et fiction, va raconter un moment de sa vie en lien avec l'ancienne usine 420. L'histoire la plus poignante est celle de la mère obligée d'abandonner son enfant égaré dans une ville portuaire. Sans doute cela est faux, mais qu'est-ce que c'est juste.
L'usine du centre-ville plus assez rentable est remplacée par un complexe immobilier flambant neuf dont les anciens ouvriers sont exclus. Le film de Jia Zhangke permettra de garder la mémoire d'un lieu généreux avec ses employés fiers d'y travailler, et rappelle qu'une usine (ou un lieu de travail en général) est avant tout un espace social. Le travail est au coeur de l'oeuvre comme il est au coeur de la vie de la main d'oeuvre.