28 ans plus tard
6.2
28 ans plus tard

Film de Danny Boyle (2025)

Aujourd'hui cela fait 28 ans. Ou peut-être 22, je ne sais pas.

De toute façon, depuis ce temps-là, tout est parti en vrille. C'est le retour au Moyen-âge, voire carrément à celui des hommes des cavernes.

On ne sait plus quoi inventer. On n'a plus d'idée. Le monde de Danny Boyle est vieilli, mais il continue de râler péniblement.

C'est franchement dur de se l'infliger. La seule intro suffit à tuer tout espoir, au point de donner déjà l'envie de prendre ses jambes à son cou face à l'horreur qui vient.

Ah mais cette intro...

Par tous les dieux, juste cette intro...


Dès le premier plan, on se retrouve face à des gosses qui matent un vieil épisode des Teletubbies. C'est le genre de reliquat dont, déjà à l'époque, on se serait bien passé, mais on y fout quand même les gamins devant, jusqu'à ce que la véritable catastrophe arrive : les zombies.

Ça a beau être la thématique de la « saga » qu'on est tout de même en droit de se demander comment peut-on encore oser nous ressortir ça de nos jours, et surtout de cette façon-là.

Spish et splash. On crie ici, on gigote la caméra là et on met des viscères un peu partout histoire de faire genre que. Le film n'a pas commencé depuis deux minutes que je suis déjà à l'image de ces gamins qu'on nous affiche à l'écran : je pleure, effaré du consternant spectacle que papy Danny m'a concocté.

Et voilà que, dans la foulée, il nous sort un prêtre exalté, qu'il monte le son à fond et qu'il s'apprête à nous faire le coup du plan orgiaque...

Non mais pitié, rendez-nous les Teletubbies. En fait je crois que je préfère...


Le pire, c'est que cette intro ne sert à rien, ou presque. Seules les cinq dernières minutes du film les justifient, et encore : celles-ci sont tellement lamentables qu'on s'en serait franchement bien passé. (On en reparlera plus tard.)

C'est donc en effaçant de notre esprit ce qu'on a pu voir en amorce qu'on peut espérer trouver dans ce film un quelconque intérêt à ce qui va nous être montrê. Et, en vrai, je ne dis pas, il y aurait pu avoir des pistes intéressantes à creuser dans ce 28 ans plus tard, mais bon, manifestement, Danny Boyle avait d'autres plans... Ou bien alors il n'en avait pas du tout.


D'un côté il y a ces premiers rampeurs lents qu'on croise et qui laissent envisager que – peut-être – ce troisième opus va explorer cette idée selon laquelle, avec le temps, un nouvel écosystème zombie se serait mis en place et qui serait à considérer comme une nouvelle norme animale avec laquelle apprendre à vivre.

À côté de ça, il y a ces plans en images infrarouges qui savent parfois produire d'étranges visions, laissant suggérer que – peut-être – ce troisième opus va chercher à faire émerger une mystique nouvelle guidant les hommes d'un âge nouveau.

Et puis enfin, quand est amenée cette intéressante idée...

...de zombies alpha et de reproduction zombie...

...on se met à croire que – peut-être – ce troisième opus va explorer l'idée d'une cohabitation entre deux humanités qui deviendraient de plus en plus difficiles à distinguer...


Mais non, au bout du compte, rien de tout ça. Suivant le fil d'un parcours initiatique que l'auteur peine lui-même à justifier dans sa propre intrigue – et dont il ne semble d'ailleurs pas savoir quoi faire – le film n'explore rien, recycle les scènes convenues et se cache derrière des effets formels franchement grossiers. Et si vous croyez avoir déjà tout vu en termes de shaky cam, de plans débullés, de jumpscares et de montages cut, alors accrochez-vous et préparez vos mouchoirs (voire vos seaux, pour les plus sensibles d'entre vous) car papy Danny semble, avec l'âge, avoir perdu un sens de la mesure, qu'aucun diront qu'il n'a de toute façon jamais eu.


Au bout du compte, ce 28 ans plus tard agirait presque comme une allégorie de lui-même. Isolé sur son île, il ne semble même pas se rendre compte que sur le reste de la planète, le monde a continué de tourner. Le cinéma mondial a depuis longtemps totalement essoré les concepts de zombie et/ou de post-apo.

The Walking Dead, The Last Girl, The Road, The Last of Us : autant de films et de séries plus ou moins réussis qui ont rincé ces concepts et qui font que – à moins de disposer d'une super idee qui renouvelle la formule – le terrain du zombie est désormais totalement stérile ; désertifié.

Et voilà que Boyle débarque là-dedans comme si de rien n'était, posant sa « franchise » sur la table en se disant que ça suffira bien pour attirer les gens, et puis derrière ça, bah, rien... Juste des trucs déjà vus et revus, tristement tressés avec des relations père-fils et mère-fils totalement hors-sol...

Si tu es né dans un monde aussi rude que celui-là, j'ai du mal à comprendre qu'un gamin soit aussi sensible aux questions de morales conjugales et aussi peu armé pour affronter un enjeu aussi omniprésent que la mort...

...et une espèce de morale finale qui semble vraiment sortie d'un fortune cookie.

Memento Mori. Merci Jacky ! Je pense qu'après avoir vécu 28 ans dans ce monde-là, personne ne l'avait compris... Et alors Memento Amoris – le pouvoir de l'amour ! – mais pitié, abattez-moi...


Et comme si, manifestement, cet empilement de clichés absurdes du genre n'avait pas suffi à nous achever ; comme si l'insertion de personnages au fond totalement inutiles et têtes à claques n'était pas l'énième massacre scénaristique de trop ; il aura donc fallu qu'en plus de tout ça, le film se paye le luxe de conclure sur la pire scène de toute. Un truc gratuit, moche, totalement artificiel, et qui ouvre la voie à une suite.

...Et non, je ne mettrai pas de bande spoilers là-dessus, parce que je pense que ça dit tout le niveau de déconnexion de ce film et que chacun se doit dès lors de savoir dans quoi il risque de mettre les pieds s'il entend se frotter à ce 28 ans plus tard.


Comme quoi, il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Alors que même les fans hardcore de The Walking Dead n'en peuvent plus de cette série à rallonge qui aura réussi cet exploit d'écœurer tout le monde avec ses zombies et ses intrigues de merde, Danny Boyle nous pose là son 28 ans plus tard, comme ça, comme si c'était une bonne idée...

Comment dire... Les bras m'en tombent... (Et non, ce n'est pas parce que j'ai été zombifié...)


Tout ça m'amène au bout du compte à me dire ceci : puisque Danny Boyle a l'air enlisé dans son propre monde, j'espère au moins qu'il saura en respecter la logique chronologique. Vu qu'on est passé de jours, en semaines pour ensuite enchaîner sur des années dans les titres de cette trilogie, je croise les doigts pour qu'il attende vingt-huit siècles avant de se relancer dans la suite d'un tel projet. Comme ça, nous, ça nous laissera bien le temps de tous crever. Et croyez-moi, mieux vaut espérer ça que de recroiser un jour l'ami Danny et ses tristes zombies essorés.

Créée

le 20 juin 2025

Critique lue 1.8K fois

37 j'aime

49 commentaires

Critique lue 1.8K fois

37
49

D'autres avis sur 28 ans plus tard

28 ans plus tard
JoggingCapybara
2

Télé-zobbies

Vingt-trois ans après « 28 jours plus tard », « 28 ans plus tard » commence par une première régression. Alors que son prédécesseur, « 28 semaines plus tard », s’achevait sur l’arrivée du virus en...

le 18 juin 2025

82 j'aime

4

28 ans plus tard
RedArrow
7

Memento Amoris

Vingt-huit ans plus tard, l'Europe continentale est parvenue à éradiquer le fameux virus mais la Grande-Bretagne et ses survivants sont laissés à l'abandon de leur quarantaine.Sur une petite île...

le 18 juin 2025

41 j'aime

9

28 ans plus tard
lhomme-grenouille
3

28 ans pour rien

Aujourd'hui cela fait 28 ans. Ou peut-être 22, je ne sais pas.De toute façon, depuis ce temps-là, tout est parti en vrille. C'est le retour au Moyen-âge, voire carrément à celui des hommes des...

le 20 juin 2025

37 j'aime

49

Du même critique

Tenet
lhomme-grenouille
4

L’histoire de l’homme qui avançait en reculant

Il y a quelques semaines de cela je revoyais « Inception » et j’écrivais ceci : « A bien tout prendre, pour moi, il n’y a qu’un seul vrai problème à cet « Inception » (mais de taille) : c’est la...

le 27 août 2020

238 j'aime

80

Ad Astra
lhomme-grenouille
5

Fade Astra

Et en voilà un de plus. Un auteur supplémentaire qui se risque à explorer l’espace… L’air de rien, en se lançant sur cette voie, James Gray se glisse dans le sillage de grands noms du cinéma tels que...

le 20 sept. 2019

209 j'aime

13

Avatar - La Voie de l'eau
lhomme-grenouille
2

Dans l'océan, personne ne vous entendra bâiller...

Avatar premier du nom c'était il y a treize ans et c'était... passable. On nous l'avait vendu comme l'événement cinématographique, la révolution technique, la renaissance du cinéma en 3D relief, mais...

le 14 déc. 2022

164 j'aime

122