Il est de ces nouvelles dans le cinéma qui ne peuvent laisser indifférent. L'annonce d'une suite à 300 pouvait au choix susciter deux réactions dans l'esprit des cinéphiles accrocs à la culture populaire.
D'un coté la joie, car non content de savoir qu'on en aura pour son argent en assistant à un spectacle digne d'être vu sur grand écran, un nouvel opus adapté du comic de Frank Miller est la promesse pour tous les kékés de raviver les fantasmes liés au premier volet, sachant qu'ils auront l'occasion de poser leur cerveau sur leur siège pendant 1h30 tout en s'abreuvant de combats spectaculaires exécutés par des bodybuildés imberbes, de plans filmés comme une pub chicorée et de créatures féminines légèrement vêtues.
Ou alors la consternation, quand on sait que "300" premier du nom ne volait déjà pas bien haut de par sa bêtise ambiante, il fut surtout l'occasion pour un réalisateur bas de plafond nommé Zack Snyder d'effectuer le copier/coller le plus honteux de l'histoire du cinéma (après le Sin City de Rodriguez quand même) qui aussi hallucinant que ça ne paraisse, lui servira de blanc-seing pour aller quelques années plus tard violer à sec et sans vaseline l'adaptation de "The watchmen", le chef d’œuvre d'Alan Moore.
Le premier "300" ayant été loin de faire l'unanimité, il était évident qu'une suite ne pouvait sentir autre chose que la volonté mercantile de certains producteurs, décidément bien en manque d'idées, de vouloir soutirer quelques pépètes à des fans désireux de revoir leurs guerriers en calbute, sans que cela ne crée les mêmes clivages. Si l'expression "avoir le cul entre deux chaises" pourrait facilement s'incarner dans "300 : La naissance d'un empire", force est de constater que la nausée que certains spectateurs (dont votre serviteur) se préparaient à avoir, n'a finalement été qu'un petit gargouillis de ventre.
Bien qu'il ne fallait pas s'attendre à ce que le réalisateur Noam Murro ne redonne du souffle à une franchise ne fonctionnant que sur les passages attendus par le spectateur évoqués ci dessus, le bougre a quand même pris le soin de corriger toutes les erreurs qu'avaient commis le "visionnaire" Snyder, pour notre plus grand plaisir.
Les combats sont beaucoup plus fluides et ont moins recours aux ralentis/accélérés du premier opus (une torture pour les yeux) et ENFIN une musique digne du péplum qu'on est censé nous vendre depuis le début, à contrario de la techno-parade mixé par DJ Zack 7 ans auparavant (ça nous rajeunit pas !!). Le reste n'est que littérature, évidemment Murro n'est pas le nouveau John Milius et ne nous livrera jamais une réflexion introspective sur la condition humaine du guerrier athénien dans sa lutte contre le terrible Xerxès. Mais lui a t-on demandé d'être autre chose qu'un spectacle immersif au sens noble du terme, mais qui ne se ment pas sur ses velléités artistiques. Plaisir coupable ? Certes, mais doit il être dénigré pour autant par les mêmes cyniques bobos qui iront se chatouiller la nouille devant le dernier film cannois, ou par ces dames qui se délectent de se retrouver entre elles devant le dernier Cameron Diaz ?
Bien sur que non, il faut assumer et être fiers d'aller retrouver cette nouvelle bande de potes en slibard, aux chiottes la sensibilité !! Même s'il faut reconnaitre que l'ancienne bande avait plus de gueule que cette dernière.
Car en dépit d'un scénario brinquebalant ne sachant pas vraiment s'il doit se focaliser sur les Athéniens ou leurs adversaires, et de scènes de combats principalement aquatiques atténuant quelque peu ce coté spectaculaire, surtout quand on reprend quasi traits pour traits une scène majeure de la saison 2 de "Game of throne" (ça tombe bien on a Cersei qui vient tâter de l'épée); que dire du casting, véritable point noir sur un visage pourtant lumineux. Si Sullivan Statpleton parvient à donner le change en chef des grecs (même si on sent qu'il en bave quand il doit pousser de la voix), aucun des autres soldats n'a suffisamment de consistance pour rivaliser avec Butler ou Fassbender. Même l'excellent Jack O'connell, aperçu dans "Eden Lake" semble être le 6ème membre échappé de "One direction".
Quant à Eva green qui traverse l'écran tel un ectoplasme, la pauvre semble convaincue qu'il faut froncer les sourcils le plus bas possible pour avoir l'air très très méchante. On a finalement de la peine à la voir réduite à se mettre à poil comme le font la plupart des actrices qui peinent à redonner un souffle à leurs carrières. Ça en excitera un ou deux c'est déjà ça..
S'il fut un temps où les films dit "De mecs" allaient plutôt lorgner du coté de Peckinpah, Carpenter ou Eastwood, pour ne citer qu'eux, ce qui traduit une fois de plus la déliquescence du cinéma; ne boudons quand même pas notre plaisir devant ce "300" là qui s'il sait titiller nos bas instincts masculinistes sait aussi malgré tout y faire pour que l'on passe un bon moment pas trop désagréable. N'étant plus vendu sur de fausses promesses, comme la "révolution" d'un nouveau cinéma de genre ou sur une quintessence visuelle qui n’existerait pas; "300 : La naissance d'un empire" peut même se voir comme une bonne cure de jouvence, à l'heure où les héros Marvel, DC et consorts apparaissent de plus en plus comme de vieilles mégères émasculées nous rebattant les oreilles sans cesse avec leurs problèmes existentiels, comme si on leur avait coupé leurs attributs pour les servir en repas dans le prochain Koh-Lanta..
Triste époque