Nightshift
Il y a dans 35 Rhums une douceur, une manière de filmer les gestes les plus simples avec une attention presque fragile. Claire Denis capte des instants de vie, elle observe des êtres qui coexistent,...
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le 10 mai 2025
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Il y a dans 35 Rhums une douceur, une manière de filmer les gestes les plus simples avec une attention presque fragile. Claire Denis capte des instants de vie, elle observe des êtres qui coexistent, qui s’aiment sans le dire, dans une harmonie paisible que le film effleure avec pudeur.
C'est un film qui nous invite, sans appuyer, à partager cette proximité subtile entre un père et sa fille. Lionel et Joséphine vivent ensemble dans une harmonie silencieuse. Il y a entre eux une paix presque sacrée, une forme d’accord invisible, et c’est justement ce calme qui rend leur inévitable séparation aussi poignante.
Claire Denis retrouve ici, dans un Paris périphérique filmé comme un monde flottant, l’esprit du grand maître japonais Yasujirō Ozu. Le film ne cite pas Ozu, il le prolonge. Comme Voyage à Tokyo, 35 Rhums parle d’un amour filial profond et de ce moment, infiniment triste et infiniment doux, où l’on comprend qu’il faut se laisser partir sans se blesser. C’est une œuvre sur la transition.
Et puis il y a cette scène, cette scène inoubliable. La pluie. Le taxi en panne. Un refuge improvisé dans un bar désert. Les personnages sont là, rassemblés presque par hasard. Et soudain Nightshift des Commodores. Le temps semble ralentir. Les regards se cherchent, les corps qui hésitent à s’approcher, les désirs qui naissent mais n’osent pas éclore. Cette séquence sublime dit tout de ce que le film porte en creux, la solitude, l’amour, le renoncement, l’écho des présences. Elle condense à elle seule toute la grâce du cinéma de Claire Denis.
35 Rhums est un film modeste en apparence mais immense par ce qu’il contient d’émotion retenue. Claire Denis filme les sentiments comme des flux souterrains et la caméra capte cette tendresse mélancolique qui précède les séparations. C’est un film qui ne force rien, ne dramatise rien, mais dont la simplicité dit quelque chose de profondément humain.
Il reste à la fin quelque chose d’indélébile. Une lumière tamisée, une odeur de riz, une voix qui s’éloigne, et ce regard d’un père qui comprend que sa fille n’a plus besoin de lui de la même manière. Il n’y a pas de larmes. Juste une acceptation, douce et bouleversante. 35 Rhums un film sur la beauté du quotidien, sur le deuil des habitudes, sur l’amour qui sait s’effacer. Un chef-d’œuvre discret, mais remarquable.
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le 10 mai 2025
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