37 Seconds
7.2
37 Seconds

Film de Hikari (2020)

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Après avoir fait connaissance avec le cinéma de la réalisatrice Hikari via son second film très touchant, Rental Family : Dans la Vie des Autres, présenté en avant-première au Arras Film Festival, il me tardait d'en savoir plus. Désir exaucé par l'engeance Netflix, qui accueille son premier opus datant de 2020 dans les tréfonds de son catalogue anonyme.


Sauf que sa thématique principale, le handicap, est souvent prétexte à trop en faire.


Soit en termes de comédie, soit en termes de pathos aussi désespérant que plombant.


Ou de performances d'acteurs voulant démontrer plus que l'étendue de leur talent, ou en manque de statuettes dorées qu'ils auront peine à ranger dans la bibliothèque de leur salon.


Tout cela pour dire que 37 Seconds, même après l'enthousiasme que m'a procuré Rental Family, c'était pas gagné.


Sauf que déjà, en 2020, la merveilleuse grâce d'Hikari était là, en faisant avancer son film jamais là où on l'attend. Car on imagine rapidement que le cœur du récit sera lié à l'acte de création qui anime Yuma, qui dessine des mangas et sert d'artiste de l'ombre à sa cousine, qui n'hésite pas tant à l'exploiter qu'à la pousser hors du cadre. Geste qui permet de traiter en creux de la totale invisibilisation des personnes handicapées.


Puis, au détour d'un rendez-vous, Hikari fait glisser 37 Seconds vers l'intimité de Yuma et le récit d'apprentissage, aussi cocasse que parfois cru dans certaines scènes brisant les non-dits et dans ses allusions au milieu de la nuit, des love hotels et de leurs rencontres tarifées.


Pour, enfin, parler de liberté. De la volonté de Yuma de découvrir tout ce qu'elle peut de la vie des filles de son âge, de faire ses propres expérience et de sortir du cocon entretenu par sa mère. Hikari restitue toute l'ambivalence de ce lien maternel. Car on ne peut que saluer le dévouement pour son enfant et tenter de lui apporter le plus de sécurité et de bien-être possible. Mais ce lien fusionnel et de surprotection étouffe Yuma, dont le physique encore juvénile et la fragilité ne sont pas de nature à apaiser l'inquiétude maternelle.


37 Seconds est littéralement animé par la présence radieuse de la jeune Yuma, handicapée, certes, à la voix lente et timide, mais aussi et surtout pleine de vie, souriante, portée par une énergie intérieure débordante et son regard plein d'une candeur indestructible qu'elle porte sur le monde et sur toute une galerie de personnages secondaires constituée de ses bienfaiteurs.


37 Seconds, c'est un hymne à la liberté, à la bienveillance, à la découverte de soi et à l'optimisme, s'inscrivant dans les pas de sa jeune héroïne hardie et inspirante dans une ville et une société atypique que Hikari impose à nouveau comme des personnages de l'oeuvre à part entière.


Yuma est finalement une jeune japonaise comme tant d'autres, avec les mêmes rêves d'amour, la même famille séparée, avec le même imaginaire exalté par des cases manga animées. Son film, lui, avec son cœur gros comme ça, ne peut que toucher par sa profonde humanité et sa délicatesse.


Behind_the_Mask, ♪ Handy... Dis-moi oui ♫

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