6 Underground
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6 Underground

Film de Michael Bay (2019)

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Au premier degré, disons le clairement, le film est assez consternant : un pitch improbable et des personnages aussi irresponsables qu'illuminés qui se donnent pour mission on ne peut modeste de liquider tous les méchants du monde. A commencer par le président dictateur du Turgestan, un affreux qui cumule à lui tout seul la froideur reptilienne de Poutine, la férocité sanguinaire de Kadyrov et la puissance en pétro-dollars de MBS. Bref, on n'est pas dans l'orfèvrerie scénaristique mais plutôt dans un récit taillé à la hache : "c'est eux les méchants et nous les gentils et ils vont voir ce qu'ils vont voir". OK.
Ce genre de film n'est pas ma tasse de thé mais voyons voir quand même comment c'est fait...


Au second degré, celui de l'action pure, le film sort quelques bonnes cartes de son jeu. Les amateurs de courses de bagnoles apprécieront la qualité du travail en la matière et ceux qui en pincent pour la mitraille en auront pour leur argent : ça vrombit et ça flingue à tout va, de loin, de près, par dessus ou par dessous, à toute berzingue ou au ralenti. C'est pas crédible pour un sou mais on s'en fout, ce n'est ni du Bergman, ni du Sciamma mais du Michaël Bay dans toute sa "splendeur". Couillon mais couillu.
Au troisième degré, celui de la tonalité, il y a quelque chose qui se passe. L'aspect caricatural des personnages peut éventuellement - avec beaucoup de souplesse d'esprit je l'accorde - s'interpréter à la faveur d'une lecture auto-parodique. C'est du moins comme ça que j'ai regardé tout ce petit monde s'agiter, considérant que ces six numéros gagnants tenaient davantage de la boursouflure assumée (mais du coup assez drôle ) que de l'entreprise certes moins barrée mais formellement insipide des Oceans 11/12/13 et autres MI 1/2/3/4...
D'autant que du point du vue du quatrième degré, celui de l'écriture, le film dévoile certains atouts trop souvent négligés voire absents dans ce genre de film. La narration, jalonnée de ruptures et raccords temporels et menée au pas de couse par un montage ludique, font de 6Underground un truc indigeste à certains égards mais qui franchement ne manque pas de bonnes idées. Ainsi, les chapitres 1 et 2 de l'histoire, la course poursuite à Florence et l'exfiltration d'une personnalité dans un hôtel de luxe à Hong Kong sont d'une maitrise formelle impeccable. C'est gros et même "énaurme" ; on aime ou pas, mais quoi qu'il en soit c'est rudement bien fait.
Hélas, comme un moteur en surchauffe, le film se met à patiner dans la semoule aux deux tiers du récit. D'un seul coup moins de rythme, moins d'invention visuelle et retour de ressorts scénaristiques éculés. La belle mécanique de Michael Bay semble d'un coup lui échapper dans une surenchère finale de pétage de plombs (au sens propre) où deux des six héros semblent eux-même se demander ce qu'il sont venus faire dans cette galère. Et devant un tel (re)déploiement d'énergie, on en finirait même par bâiller d'ennui ou de fatigue...pour un peu je m'endormais avant de savoir s'ils lui réglaient son compte à ce satrape turgestanesque.
Laissez-vous tenter...en connaissance de cause !


Première partie : 6/10
Deuxième partie : 7/10
Troisième partie : 4/10


6/10
( + reco aux amateurs du genre)


(vu sur Netflix)

Theloma
6
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le 21 déc. 2019

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Theloma

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