Quand Bloody Sunday rencontre Miller's Crossing
Rien de bien nouveau en Éire. Ca se castagne, ça se file des marrons, ça s'envoie de la caillasse, ça s'injurie de tous les noms. Le jeune Hook est balancé dans le bourbier, se fait encercler, fuit pour sa vie et se cache dans des chiottes délabrées. C'est là que commence le film, une traque habilement menée par Demange. On brise le mythe du conflit anglo-irlandais et on le relègue au second plan pour s'intéresser à une manœuvre de plus petite envergure digne d'un film de gangsters des 70's. L'aspect thriller remplace les exactions politiques et la caractérisation des personnages se fait simplement sans plus qu'il n'en faut pour profiter au mieux de ce que la mise en scène a à nous offrir. Il n'y pas de parti pris, tout le monde en prend pour son grade que ce soit irlandais, anglais, IRA et Black and Tans.
Le film mélange avec brio la pulsion meurtrière d'une bande désorganisée de malfrats du dimanche et la survie d'un soldat britannique blessé, se terrant à l'ombre des rares lumières de rues et d'immeubles hostiles. Demange utilise le plan-séquence et la caméra portée pour un rendu efficace et une mise en scène pour le moins maîtrisée à partir de l'explosion du bar. On sent grâce à ces procédés l'ardeur de l'action et l'excès de la révolte. Il aime jouer avec le placement des personnages sur différentes échelles de niveau au sein du même cadre pour scinder la tension en deux.
Cette même mise en scène tente avec brio de confronter les tensions entre tous le personnages et leurs manières de tirer avantage de la situation.
Jack O'Connell livre une fois de plus une excellente performance, s'investissant avec justesse et acharnement dans son rôle, avec pour le moment un parcours sans faille, en espérant qu'il continue dans cette voie.
Mention spéciale pour David Holmes et son score lancinant et adapté à l'intériorisation des personnages et à ce qui se passe autour d'eux.