Jan Kounen signe une adaptation très réussie du roman de Beigbeder, avec son lot d’excès de montages psychédéliques et saturés, et de cynisme profond. La réalisation et ses choix visuels, mélangeant allègrement les styles et à grand renfort de surimpressions - qui ne sont pas sans rappeler l’esthétique de Fight Club - contribuent à sublimer cette description à la fois désabusée et décomplexée des publicitaires stars des années 90, ultra-référencée et artificielle au possible. Jean Dujardin s’amuse et nous amuse dans son interprétation outrageuse mais succulente d’Octave Parango, nom aussi absurde que son personnage masquant à peine un Beigbeder narcissique qui ne peut s’empêcher d’apparaitre à l’écran à de multiples reprises. L’acteur porte à bout de bras le film, présent soit physiquement soit en voix-off dans la quasi-totalité des plans.
La limite du film vient de son format par rapport au livre. Là ou le roman, très agressif, nous permet de souffler et ne nous distancier, le film ne nous laisse aucun répit et nous matraque telle une publicité en boucle. Alors c’est sûr, on peut considérer cette forme comme méta, mais elle a tendance à lasser sur la longueur. Et il nous lasse aussi parce que nous ne sommes pas dupes. Ce manifeste soit disant anti-pub tourné avec les codes de la pub, bien que claque formelle, ne se prend malheureusement jamais au sérieux dans ses moments de dénonciations ou de remises en questions, et ne fait qu’alimenter de manière jouissive son propre système, à l’image de la fausse pub madone qui fait s’extasier les spectateurs de l’aéroport.