Deux tueurs à gage, Charlie Strom (Lee Marvin) et Lee (Clu Gulager), tuent froidement Johnny North (John Cassavettes) dans une institution pour aveugles. Intrigués par le fait que leur cible se soit "laissée faire" ils reconstituent son parcours...
C'est une nouvelle adaptation de la nouvelle d'Ernest Hemingway "Les tueurs" après celle de Robert Siodmak devenue un classique du film noir.
C'est la télévision qui a commandé ce film à Don Siegel considéré à cette époque comme un faiseur bien qu'il avait déjà réalisé plusieurs films marquants comme "L'invasion des profanateurs" (classique du film fantastique).
"A bout portant" s'inspire des films anciens tout en renouvelant le genre en injectant une violence plus brute qui annonce plusieurs films de la fin des années 60 comme "Le point de non retour" de John Boorman avec comme par hasard Lee Marvin et Angie Dickinson déjà présent dans le film de Don Siegel ou encore "Bonnie and Clyde" de Arthur Penn.
La construction est astucieuse avec de nombreux flashbacks qui nous apprendra un peu plus sur qui était Johnny North.
Le film étonne dans le fait qu'aucun des protagoniste n'attire notre sympathie excepté Johnny North qui ironiquement se fait descendre dès le début. C'est grâce aux flashbacks qu'on va voir qu'il est le seul personnage à avoir une morale et à croire à l'amour. On découvre qu'il a été pilote automobile ce qui donne lieu à des scènes de course automobile efficaces qui donnent du rythme au film.
Don Siegel avait envie que ses tueurs soient classes d'où leur smoking et leurs lunettes noires qui seront repris dans divers films comme le délirant "Blues Brothers" ou "Reservoir Dogs".
Les deux tueurs sont complémentaires: Charlie est un homme solitaire, réfléchi, glacial et méthodique alors que Lee est totalement incontrôlable et barré ce qui le rend peut être encore plus dangereux.
Et puis on a le droit à une femme fatale Sheila Farr (Angie Dickinson) sur qui je ne dirais pas grand chose pour ne pas trop dévoiler l'intrigue...
Malgré un faible budget (à peine 750000 dollars!) Le casting a de la gueule à commencer par Ronald Reagan dans un contre-emploi (c'est son seul rôle de salaud dans toute sa carrière!) qui s'avère convaincant, Clu Gulager est inquiétant à souhait, John Cassavettes est parfait, Angie Dickinson excelle en femme fatale et puis bien sur Lee Marvin qui arrive à impressionner même quand il ne fait rien grâce à sa présence menaçante.
" A bout portant" est un film brutal où les hommes n'hésitent pas à frapper des femmes ce qui peut surprendre aujourd'hui...
Don Siegel affirme son style avec "A bout portant": mise en scène sèche, violence, sens du rythme, des hommes solitaires (l'individualité est un de ses thèmes de prédilection)... Les 6 premières minutes sont exceptionnelles par sa tension et son justement sens du rythme !
Don Siegel réalise une série b noire qui va faire son effet et qui grâce à sa brutalité ne passera pas la télévision mais au cinéma où il obtiendra un certain succès. C'est d'ailleurs en parti grâce à ce film que Clint Eastwood acceptera de travailler avec lui ce qui changera le statut de Don Siegel..
.Le film est considéré par beaucoup d'amateurs du genre comme un classique. Et avec ce long métrage Siegel confirma qu'il avait plus qu'un.....don !

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le 20 mai 2021

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cinemusic

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