À perdre la raison par Wolvy128
Inspiré d’un tragique fait divers, À perdre la raison est un drame rondement mené par un Joachim Lafosse inspiré qui fait le choix judicieux de se concentrer sur les personnages plutôt que sur l’issue dramatique de l’histoire. L’idée du film n’est donc pas de défendre ou d’accabler la mère mais simplement de s’interroger sur les raisons qui peuvent mener à un tel acte. En ce sens, le film est vraiment réussi car il n’est jamais moralisateur et chacun est libre en finalité de se faire sa propre opinion. A titre personnel, j’ai beaucoup apprécié l’évolution des personnages au cours des années. Le contraste entre l’attitude rayonnante du couple au début et celle étouffante à la fin est d’ailleurs particulièrement saisissant. Qui plus est, ce n’est jamais évident de raconter une histoire sur plusieurs années et pour le coup, je trouve que le scénario est suffisamment bien écrit que pour rendre les ellipses efficaces.
Mais si le film fonctionne aussi bien, c’est avant tout grâce à son casting d’exception. En effet, le trio composé de Tahar Rahim, Emilie Dequenne et Niels Arestrup fonctionne à merveille. Ce dernier est d’ailleurs parfait dans la peau de ce médecin qui, par quelques gestes généreux, développe petit à petit une véritable emprise sur le couple. Mais en ce qui me concerne, j’ai surtout été touché par la magnifique prestation d’Emilie Dequenne qui incarne avec beaucoup d’humanité cette épouse et maman dévouée qui sombre progressivement dans la dépression et la solitude. D’ailleurs, si ne je devais retenir qu’une seule scène du film, ce serait sans aucun doute celle où elle est dans sa voiture avec Julien Clerc en fond sonore. A l’image du film, cette séquence est bouleversante de sincérité et Emilie Dequenne est juste terriblement émouvante.