Hormis quelques beaux plans larges sur un bateau ou au bord d'un lac, le film est constitué de gros plans sur les visages, que l'on quitte à chaque geste comme s'il survenait à l'improviste, ce qui est très pénible, la caméra remue tout le temps et fait de rapides mouvements qui ne permettent pas de voir quoi que ce soit à l'action.
La représentation de l'espace est donc déficiente ; on ne voit quasiment jamais les personnages entrer et sortir d'un lieu (hôpital, train, bateau), les scènes s'enchaînent souvent sans introduction ni sans prendre ensuite le temps de nous familiariser avec eux (la scène de repas entre la mère et le fils, la rapide entrevue avec la psy), le tout est très décousu. Tous les personnages principaux sont fous et/ou antipathiques avec un jeu à l'avenant sans aucune nuance pendant la première partie, les intervenants positifs ultérieurs ne servant en creux par leur bienveillance qu'à révéler la paranoia de la fille et l'asservissement total du garçon. Mais ce sont aussi les seuls personnages avec lesquels on pourrait commencer à ressentir un début d'empathie, les seuls qui prennent le temps d'engager une conversation et une relation un peu sensée avec les gosses.


Il paraît que Weltz s'est inspiré de la nuit du chasseur, étrange mélange de film noir et d'onirisme. Hélas celui-ci échoue sur les deux plans. La photo est jolie, mais aucune relation sensorielle n'est établie avec la nature - les gosses ne semblent même pas souffrir du froid (sauf que l'on voit très bien le garçon trembler dans l'eau), tout ça parce qu'il fallait les garder dans leur chemise bleue et leur robe rouge.


Il semble pourtant que Weltz tente de créer des films sensoriels au détriment du scénario (j'ai aussi péniblement regardé Vinyan et sa photo volontairement laide qui transformait une forêt en cimetière), du cadrage, de la psychologie, des dialogues.
Il y a peu de chances pour que je tente de voir un autre de ses films. Quel que soit le genre, les Français ne savent ni filmer ni raconter une histoire (ce qui au cinéma est la même chose) et j'en ai marre d'essayer de regarder leurs produits bâclés.

ChatonMarmot
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le 26 janv. 2020

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ChatonMarmot

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