Cinéaste ambitieux, auteur responsable du choc Calvaire et du très herzogien Vinyan, membre actif de l'hyper-vie Fabrice Du Welz revient cette année avec Adoration, troisième volet de sa trilogie ardennaise prenant la forme d'un superbe conte sur les prémices de l'adolescence.
Un conte comme quelque chose de pur, d'évident, de simple et de bouleversant comme une promesse d'enfant. Marchant sur les traces du chef d'oeuvre de Charles Laughton ( La Nuit du Chasseur, duquel Du Welz reprend le motif de la barque...) le réalisateur élude toute forme de situations alambiquées et d'émotions fausses ; il signe une oeuvre mélancolique, atemporelle et universelle, dépeignant la relation liant Paul Bartel ( Thomas Gioria, magnifique ) à Gloria ( Fantine Harduin, de même ). Partant moins du principe de réalité que du principe de désir Fabrice Du Welz livre, avec Adoration, une histoire d'amour unique traitée avec une infinie tendresse pour ses personnages.
La photographie de Manuel Dacosse, vaporeuse, sublime les régions ardennaises filmées au rythme d'une barcarolle vénitienne. Le film est magique dans son verbe taiseux, son émotivité incongrue ( Fantine Harduin - révélée par Haneke dans le bien-nommé Happy End - est pratiquement extraordinaire ) et son sentimentalisme assumé. Le cinéaste n'a que faire des représentations post-modernes, de la cérébralité ou du persiflage : Adoration est l'histoire d'une croyance, d'une foi en l'être aimé, d'un attachement inaliénable et inébranlable à l'Autre. Fabrice Du Welz, altier mais sincère, nous offre un cinéma du premier degré pour le moins poignant. Son plus beau film, assurément.