Amarcord ou plus littéralement "Je me souviens" est un film qui évoque la vie de son réalisateur, Federico Fellini. Entre récit de souvenir et description d'une époque révolue, le maestro signe ici une oeuvre splendide, à mi-chemin entre le burlesque, la comédie et le drame. En évoquant la période fasciste en Italie, Fellini refuse d'attacher son propos à la répression sociale mais préfère illuminer les belles choses qu'il y trouvait.


Ainsi, ici est tournée évidemment au ridicule la situation politique, et il n'est pas rare de retrouver des séquences absurdes où les personnages ne cessent d'acclamer le grand Duc fasciste. Surtout, et ici vient l'interprétation; j'aperçois le personnage de Gradisca comme l'attrait au fascisme d'une population complétement perdue. En effet, les citoyens ne voit qu'elle, criant son nom comme leur plus grande fierté. Fellini sublime également son film de séquences imbibées de profonde solitude, à l'image de cette scène où le jeune garçon déambule dans le brouillard, alors que passe un véhicule aux lumières effrayantes.


Ainsi, Amarcord peut être perçu comme la relativisation d'une situation politique. En effet, Fellini se souvient de ses fantasmes, de ses désirs et des figures illustres de ses souvenirs.
Cependant, et alors que la famille éduque strictement les enfants, il conserve dans son film tout l'amour qu'il porte à sa famille, élément essentiel du récit. Parce que rien n'est plus sincère dans Amarcord que le soutien de cette famille, qui ira jusqu'à attendre l'oncle devenu fou, désespérant de trouver une femme, qui pourrait le sortir de son chagrin. À l'inverse, si le père est strict avec le jeune garçon, c'est qu'il ne veut pas qu'il devienne comme ces délinquants "marionnettes" prêts à se gaver de ce que tout le public veut.


Dans Amarcord est retrouvée l'hypocrisie d'une société superficielle, de cette femme attirant les regards pour mieux rejeter toute la population, et d'un pays qui ne pense qu'a son histoire, rendue par le spécialiste au spectateur comme leur plus grande fierté. Seulement, Fellini le sait. Il sait au combien cette société est malade, où la jeunesse, les professeurs, les religieux ne sont plus que des servants de l'État fasciste. Et c'est pourquoi, il essaye de retrouver ce qu'il y avait de beau.


Vient alors le désir de ce jeune homme pour la femme, l'illumination dans les yeux quand le bateau arrive, et la joie pendant les fêtes de rue. Et pourtant, cette période se ferme. Gradisca part, et l'Italie est prête à renaître sous la pluie. Un film-souvenir, où Fellini préfère souvent en rire que d'en pleurer, un cinéma donc relativiste.


Critique rédigée en 2021.

Créée

le 30 oct. 2021

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William Carlier

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