Visuellement réussi, efficace lors de ses scènes d'action, le film pêche là où on l'attendait pourtant : il néglige le fond. La saga proposant une idée originale sous la forme d'un dilemme moral à tiroirs, elle mérite depuis son premier volet (le meilleur à ce jour) d'être prise au sérieux ; ici peut-être plus qu'ailleurs (Star Wars par exemple, avec sa prélogie et ses spin off dispensables), la question des origines justifiait un chapitre dédié et créait une certaine anticipation.
Mais les réponses apportées ne sont pas satisfaisantes. Si les motivations officieuses du gouvernement qui met en place la Purge sont énoncées, elles ne sonnent jamais que comme une redite à peine plus affirmée de ce que l'on comprenait dans l'épisode originel. Et, de manière tout à fait déconcertante, on passera tout le film à guetter une version officielle, le "pourquoi" de l'expérience n'étant jamais énoncé.
Pire, les personnages de citoyens lambda ont une meilleure compréhension de ce qui se passe ; ainsi, la sociologue campée par Marisa Tomei passe-t-elle son temps à formuler au mieux des banalités, aux pires des conneries plus grosses qu'elle, incarnant presque à elle seule la paresse idiote d'un scénario qui a préféré se focaliser sur la forme, plus vendeuse.


Alors le spectacle est au rendez-vous, le héros black finalement très John McClane tombe à point nommé après le succès de Black Panther (quelques Blancs ici, mais tous du côté du mal) et on ne s'ennuie pas devant cet enchaînement de massacres sanglants, chorégraphiés et bien mis en lumière. Et pour peu que l'on fasse fi de certaines grosses incohérences (le trafiquant de drogue plus balèze au combat que des mercenaires surarmés, les premiers participants de la Purge tous lookés et masqués comme si c'était la dixième édition) qui trahissent là encore la faiblesse d'une production cédant aux sirènes de la tentante photocopie lucrative, on ne passe pas un mauvais moment.


Mais quel dommage de flirter à ce point avec le hors sujet et de ne pas avoir osé ce que le sujet appelait : un quasi film de débats !

AlexandreAgnes
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le 9 juil. 2018

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Alex

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