Etant donné le caractère spectaculairement daubesque de ses deux précédents longs métrages (ainsi que du reste de sa filmo depuis, quoi, vingt ans, facile ?), je n'ai pas été étonné que les critiques réservent un feu nourri de commentaires assassins au nouvel opus de Besson et suis allé le voir avec la certitude qu'une fois sorti de la salle je me joindrais de bon cœur à cette chorale presque unanime de voix mauvaises. Mais il se trouve que je vais souvent à contre-courant, la plupart du temps sans le faire exprès, et que je me retrouve aujourd'hui à devoir dire du bien d'un film que je ne demandais qu'à détester avec les autres.
Car Anna tient franchement la route. Certes, il est bardé de défauts : anachronismes, montage lourdingue qui abuse des flash-back explicatifs, casting discutable (j'ai trouvé toutes les filles à l'écran plus jolies que l'héroïne qui fait tourner les têtes de tout le monde), giga copié-collé sur Nikita (certaines scènes sont carrément rejouées à l'identique), scénario éculé...
Mais le film réussit là où échouait Red Sparrow l'an dernier (malgré la présence de Jennifer Lawrence, autrement plus charismatique et crédible en femme fatale que la falote Sasha Luss) sur un canevas à ce point identique qu'on aurait pu taxer Besson de plagiat si son Anna était sorti un ou deux ans plus tard. Le rythme est soutenu, les scènes d'action hyper efficaces, et le montage d'abord agaçant finit par fonctionner en cela qu'il réserve son lot de twists, si ce n'est imprévisibles, au moins divertissants.
Besson qui dame le pion aux Américains et réussit à plutôt m'emballer avec son remake non avoué de Nikita : j'aurais pas dit !