La quête du bonheur, toujours, mais avec une pointe d'amertume à cause des illusions perdues. Kore-eda est de retour avec ce qui pourrait être une énième variation sur ces thèmes chéris, si ce n'est que le fond est cette fois enrichi et approfondi et touche bien plus juste que dans Notre petite soeur, qui flirtait avec la mièvrerie (sentiment tout personnel). Le personnage central d'Après la tempête, Ryôta, est un homme encore jeune mais dont l'existence prend une tournure décevante : un divorce non digéré, une situation professionnelle médiocre, des espoirs déçus comme romancier. Le film est un condensé de la vie de Ryôta avec ses occasions manquées et la recherche de l'équilibre dans le cocon familial, comme un baume qui sert à panser sa propre faillite. Un sujet que Kore-eda traite avec sa pudeur et sa bienveillance habituelles. En y ajoutant une certaine ironie et une pointe de pessimisme, tout relatif. Entre Ozu et Naruse, les deux grands cinéastes japonais dont Kore-eda est l'évident héritier. Au rythme d'un typhon qui passe (le 24ème de l'année !), après lequel reviendra le calme, le film garde une forme apaisée et interrogative, contemplative diront ses détracteurs. Cela en fait sa beauté avec la longue réunion finale où Ryôta se retrouve avec sa mère, son ex-épouse et son fils. L'intrigue se resserre, les sentiments affleurent et l'émotion va crescendo. Autour de son héros, Après la tempête a laissé de l'espace à ses autres personnages pour exister. La figure de la mère de Ryôta est la plus touchante. Cette veuve a l'âge de la sagesse et de la sérénité. La façon dont elle essaie de sauver son fils et son couple brisé montre que Kore-eda, fidèle à lui-même, trouve toujours des raisons d'espérer. Après la tempête, il y a l'accalmie et un avenir à construire.

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le 30 avr. 2017

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