Immonde propagande de droite pour mous du bulbe.

Ah! qu'il est beau le monde du républicain hideux évangélique des Etats-Unis : un univers dans lequel des victimes paisibles vivent dans l'harmonie la plus grande, pleine de bons sentiments et d'un puritanisme moral parfait, quand, tout à coup, le Mal vient frapper à leur porte pour violer et tuer la jeune vierge innocente, blanche de tout vice ou de méchanceté. De cette image pastorale toute issue d'un conte pour enfants, un pseudo-réalisateur se paluchant sans gêne sur le thème de l'auto-défense et de la justice privée transcendante décide de créer un monstrueux film qui n'a pour seul objectif que de faire campagne pour les Républicains américains ainsi que pour toutes les droites sécuritaires du Monde connu qui, en se targuant de défendre "la Veuve et l'Orphelin", se contentent de vomir des banalités naïves, dans une forme de complaisance malsaine, voire de religion nouvelle, envers la figure de la "victime", forcément belle, forcément gentille, forcément innocente, et ce face au "coupable", forcément laid, forcément méchant, forcément cruel. Quelle bêtise! A quoi servent donc les sciences sociales et criminologiques si les adultes continuent à croire que la parole du pasteur ou du prof de maternelle a plus de valeur que celle de la science ? Sont-ils si bêtes à croire que la vie est donc forcément aussi manichéenne, pleine de "méchants" et de "gentils", au-delà de tout droit et de toute Loi ? Sont-ils si irresponsables pour penser que la morale puritaine surpasse le droit, donnant ainsi le droit de tuer comme aux temps barbares son prétendu bourreau ? Sont-ils si profondément à côté de la plaque pour estimer que ce film de carton pâte puisse représenter un tant soit peu la réalité ? Quel enfer!


Qu'il est loin le temps où les hommes d'esprit dissertaient sur la nature du bien et du mal, sur leur existence même. Qu'il est loin le temps de la réflexion, de la raison et de l'humanisme. On oublie ainsi, dans 90% des crimes et des délits, quoiqu'on en dise, que la frontière morale entre le coupable et la victime est très floue. Il ne s'agit bien souvent que d'une capture pénale à un instant T d'une relation bien plus complexe qu'il n'y paraît. Bien éloigné de la réalité celui qui pense que la réalité criminologique se compose de monstres sadiques sans pitié face à des anges de gentillesse. Cette situation existe, certes, mais quasiment jamais : elle est une aberration statistique qui, quand elle se produit, est relayée dans les médias pour nourrir l'instinct meurtrier d'une foule fantasmant sur l'idée de pouvoir exécuter en place publique le lâche assassin, en vertu d'une fausse compassion pour une victime parfaite, lavée de tous vices, expurgée de tout pêché. Une catharsis stupide, voilà ce que prône ce film dont il est difficile de comprendre comment un esprit intelligent en ait pu même envisager l'existence. De la même façon, cette bouse culturelle tente de se moquer d'une procédure qui oublierait la victime au profit du coupable : mais oui, ma pauvre Lucette, c'est exactement à ça que sert la procédure, à éviter de clouer au piloris un homme dont on n'est pas sur rationnellement et matériellement qu'il est coupable. La procédure est la soeur jumelle de la Liberté et l'opposer au droit de la victime est non seulement une méconnaissance grave de l'Histoire, mais un retournement dialectique diabolique : c'est bien celui qui est condamné contre la procédure par la société qui est la victime, pas l'inverse. Ce film infâme pousse même l'horreur philosophique à se moquer du pardon, de la charité et de ceux qui défendent une vision nuancée du monde en offrant la possibilité au déviant de se racheter ou de se réinsérer : Au-delà des Lois n'était décidément pas à une lourde bassesse près.

PaulStaes
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le 11 août 2020

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Paul Staes

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