Critique sans spoiler, ne serait-ce que pour éviter la crucifixion, par contre on suppose que vous avez vu Avengers : Infinity War dont Endgame est la suite directe.


Périlleux exercice que de conclure une saga, ou du moins son arc narratif majeur. The Dark Knight Rises a ses qualités mais s’est planté, Matrix 3 aussi, X-Men 3 a tout du mauvais souvenir, Saw 7 porte bien son nom, Star Wars 6 divise encore, Rocky a dilué son propos avec trois épisodes estampillés “conclusion”, il n’y a guère que Le retour du Roi qui s’en sorte avec les honneurs, mais d’un autre côté il avait l’oeuvre de Tolkien en tuteur. Car oui, bien plus qu’une suite à Infinity War, l’objectif d’Avengers : Endgame est de boucler le cycle entamé avec Iron Man en 2008. Ni renouveau, ni dynamitage des acquis (à la Star Wars 8), Endgame opte pour un regard vers le passé afin de livrer la véritable synthèse d’une décennie de film Marvel, et sur ce point, on ne peut que saluer le tour de force accompli.
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Endgame a la bonne idée de se démarquer en adoptant rapidement un ton opposé à Infinity War. Si la précédente aventure commençait en fanfare avec le titan fou qui mettait une trempe à Hulk en guise d’apéritif pour ensuite se dérouler sur une poignée d’heures, cet épisode opte immédiatement pour une amplitude autre, pas moins épique au final mais moins pressée. De même, en échangeant 50 héros pour une dizaine de survivants et trente minutes de film en rab, les personnages sont plus fouillés, ont le temps de réellement évoluer. Au-delà du simple fait d’aligner plus de franchises que d’habitude, Avengers 4 donne pour un fois à travers son histoire un véritable sens à la réunion de ses mythologies.


Reste le moment où le récit met ses tripes sur la table pour clore l’évolution de certains de ses piliers. Chacun sera juge des passations de bâtons qui s’opèrent, les grandes réussites côtoient les aveux d’échec de n’avoir rien su faire du héros malgré toutes ses apparitions. Tout aussi regrettable mais plus attendu, le film sort les rames sur certains points : sa première partie semble passer en accéléré pour aller droit au but. Promo monstre sur les Deus ex machina chez Disney, pour pas changer. Heureusement que la suite vaut le coup et se déroule comme un charme. “Parfaitement équilibré” comme dirait l’aubergine bodybuildée.


Si Infinity Wars avait tout de la course-poursuite contre l’urgence Thanos avec l’objectif clair de la collecte des pierres, ici nos héros se trouvent livrés à eux-mêmes, doivent définir leurs buts, imposant une histoire plus ramifiée (j’ai failli marquer complexe, mais bon on va se calmer, c’est pas Inception non plus). On passe des échanges brefs du crépusculaire Infinity War, fonctionnels car purement destinés à faire avancer l’intrigue, à des passages plus secondaires. On a peut-être ici les scènes les plus improbables du MCU mais sans pour autant qu’elles fragilisent l’ensemble, l’équilibre action-émotion-humour-fan service est réussi. Les 3h semblent s’envoler, mais pas parce-que Endame a voulu trop en faire, juste parce que son rythme est sa plus grande réussite. Si les frères Russo oublient un peu de faire du Cinéma digne de ce nom, au moins ce ne sont pas des manches pour tenir en haleine.


En clair, s’il ne repose pas sur un twist particulier ou sur des scènes à tomber par terre et qu’une fois de plus les théories post-Infinity War se trouvent balayées d’un revers de main, Endgame a le bon goût de surprendre tout au long de son déroulé qui saura donner la chair de poule au fan par les cadeaux massifs qu’il lui offre tout en revenant sur rien de moins que les 21 films qui l’ont précédé. Conclusion ouvrant une boîte de pandore, on devine que cet univers ne s’arrêtera pas là mais on sait désormais avec un petit pincement au cœur qu’il a définitivement changé de visage.

Cinématogrill
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le 26 avr. 2019

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Cinématogrill

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