Main molle dans un gant de fer

Pour ne pas passer pour un vieux con avant l’heure, j’ai développé cette curieuse habitude de me forcer à regarder les « grosses » sorties du MCU. Faut dire que ça aide aussi à comprendre les ¾ des mèmes d’internet sur une période donnée… Et faut dire aussi qu’il n’y a pas si longtemps, les films de super-héros.. Bah j’en raffolais. Eh oui, à force d’engloutir tous les ans le même plat calibré à l’extrême, une sale indigestion s’est pointée. Les grosses ficelles scénaristiques, la stagnation visuelle et les appels du pied marketing ont fini par me filer une nausée qui me font voir chaque nouveau film avec un enthousiasme décroissant.

Le final du 3ème cycle ne déroge pas à la règle. Il y a avait pourtant du potentiel avec la fin d’Infinity War et ce début d’Endgame endeuillé. Mais rapidement, on comprend que l’émotion n’est placée ici que de façon artificielle et qu’elle ne pose que des gros rails qui vont amener les protagonistes à se bouger. Il suffit de voir le retour d’Ant-man 5 ans après la catastrophe pour capter que ce qu’ils nous décrivent est totalement désincarné. Il y a des poubelles partout dans les rues, des gamins qui te regardent comme des chiens battus quand tu leur demandes ce qu’il s’est passé… 5 ans après ? Bonjour la finesse.

Ensuite on a droit à une bonne heure et demi de scènes d’exposition sur le comment qu’ils vont faire pour remonter le temps. Des scènes dialoguées d’une indigence rare et filmées comme un soap. Et qu’est-ce que ça parle ! Ça n’arrête pas. Mais on n’est pas dans du Tarantino hein. La meilleure scène du film pour moi est celle où Captain America voit la femme qu’il aime à travers les stores d’une fenêtre et qu’elle ne le voit pas. Enfin on respire… Pas de dialogues… UNE idée de mise en scène sur 3 heures… Ça fait plaisir. Parce que même les plans séquence des scènes de bastons semblent faire partie du cahier des charges et parviennent à devenir ennuyants.

La majorité des spectateurs de Game of Thrones ont lynché la saison 8 mais au moins il y avait lors des scènes de batailles de vraies idées de mise en scène : une structure, des points de vue, un minimum de violence… Rien de tout ça ici. La bataille finale d’Engame se passe dans une grande arène vide. L’environnement est tellement inutilisé et sans repères que l’on sent le fond vert à chaque plan.

Le 1er Avengers, j’ai acheté, complétement. Il y avait là quelque chose de frais, drôle et maîtrisé. Seulement 8 ans ont passé et je ne sais combien de films clones ont suivi. Ça m’a bien calmé. Et tous ceux qui pensent que Disney donne cette constance pour coller à l’esprit sériel des comics, regardez à quel point le story-telling varie entre deux histoires aux scénaristes et dessinateurs divergeant dans les BDs. Non, il s’agit simplement là d’une industrialisation de Disney qui cible un public adolescent pour enfin vendre un max de produits dérivés. Exit la moindre prise de risque, le moindre auteur dans cette machine formatée. Et pour les différents niveaux de lecture que les adultes aiment tant dans les classiques de Disney, et bien on repassera.

Que restera-t-il de ces films dans 20 ans ? Est-ce que les générations suivantes les regarderont encore ? Combien de fois auront-ils été recyclés ? En attendant la réponse, je préfère retourner à la saison 1 de The Boys, autrement plus divertissante que la majorité des derniers produits Marvel.