Il est assez gênant de voir un film axé sur la notion de « bad buzz » s’entêter à tout faire pour en devenir un lui-même, ne reculant devant rien, exploitant une actualité brûlante ou des sujets complexes avec vulgarité et complaisance. Aussi le problème ne réside-t-il pas dans la volonté de susciter le rire à partir de tabous mais dans l’opportunisme avec lequel il s’y emploie, dans la conscience d’accomplir quelque chose d’interdit et de s’en féliciter.
La réussite immense de Borat (Larry Charles, 2006) tenait à la caractérisation d’un personnage principal étranger aux mœurs américaines et donc détenteur d’un rapport au monde, aux hommes et aux choses transmis et accepté comme tel par sa culture qui, mis au contact d’une autre, se révèle être raciste, homophobe, antisémite et misogyne. Dit autrement, l’outrance de Borat se faisait malgré lui, et la gêne hilarante produite par ses actes et ses remarques résultait d’un décalage, d’une perte de repères.
Stéphane Kazandjian n’a visiblement pas compris le modèle qu’il tente de décalquer, compile une série de petits sketchs peu drôles s’emparant chacun d’un sujet de société – migration clandestine, montée de l’extrême-droite, groupuscules nazis, Amazon, pédophilie et zoophilie etc. – qu’il ne cherche pas à comprendre et qu’il exploite comme autrefois les entrepreneurs de spectacles de freaks dans les cirques. L’humour est gratuit, aborde sans intelligence lesdits tabous dans l’espoir de choquer pour choquer ; le comique est rachitique, desservi par une mise en scène de mauvais téléfilm et par un duo d’acteurs n’ayant que la carte de l’autodérision à jouer. C’est bien peu.