Darren Aronofsky a choisi le bon thème avec ce film. Black Swan, c'est l'esthétisme à outrance. Privilégiant constamment la forme sur le fond, le film captive par ses qualités visuelles, son rythme haletant, ses acteurs tous exceptionnels avec une Natalie Portman qui livre probablement sa meilleure prestation et un Vincent Cassel qui ne nous fait pas honte (contrairement à Marion Cotillard et Mélanie Laurent...), tandis que Mila Kunis qui trouve un rôle dans lequel elle se glisse parfaitement.

Mais sur le fond cela manque clairement de subtilité et de profondeur. De subtilité parce que les dialogues soulignent énormément et dés le début la dualité et la métamorphose de Nina, concept basique et éculé. Film grand public (il suffit de voir le monde qu'est en train d'attirer le film), Black Swan fournit tout en pré-mâché dans le bec du spectateur. Peu profond aussi, parce que le film développe sans grande intelligence et de façon très superficielle sa thématique, et qu'il le fait généralement à travers de gros clichés. Si le scénario remplit son office, la démarche reste incomplète, Black Swan fait partie de ces rares films récents qui auraient pu bénéficier de vingt minutes en plus.
Aronofsky récite sa partition de façon maîtrisée mais trop conventionnelle, à l'image de l'héroïne un peu coincée du film.

Tout ça n'est pas si dérangeant que ça dans la mesure où cela relève de la démarche du réalisateur. La quête de perfection prime sur la recherche de la crédibilité, même si l'univers de la danse classique, où l'élégance et le raffinement cachent la mesquinerie et la laideur, est très bien retranscrit.
Black Swan est un film qui se vit dans l'instant, c'est un flot ininterrompu de scènes inspirées et viscérales, mais qui ne peut prétendre, en raison de sa faible portée symbolique, au titre de chef d'œuvre autre que purement cosmétique. Darren Aronofsky a formidablement bien traduit à l'écran ce qu'il voulait mettre en scène. Le problème, c'est que cette substance n'est ni originale ni brillante. Du coup, c'est très divertissant, mais un peu facile et pas à la hauteur de l'ambition initiale.
Jben
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le 14 mars 2011

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Jben

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