C'est un film qu'on apprécie chaque fois davantage en le revoyant. Au fil du temps, son esthétique particulière reste étonnamment moderne et ne fait pas du tout années 80. Il est donc bien intemporel. Merci Ridley Scott pour ce moment de grâce.
Son scénario particulièrement profond souligne en creux l'incroyable stupidité de certains scenarii contemporains de SF, et prouve à quel point il est parfaitement possible de faire de l'anticipation de qualité.
Il pose tout simplement la question de notre humanité à travers la vie d'Androïdes parfaits mais prématurément mortels et qui n'acceptent pas ce destin imposé par leur "père" biomécanicien.
Certains n'ont même pas conscience de ce qu'ils sont grâce aux souvenirs implantés.
On ne veut pas d'eux sur terre, probablement parce qu'ils ressemblent trop aux humains et les Blade Runner sont chargés de les éliminer.
De toute façon, qui voudrait vivre sur cette terre aux rues encombrées d'une foule cosmopolite indifférente alors que paradoxalement des personnages désabusés errent dans des immeubles vides?
Beaucoup de questions se posent sous une pluie incessante donnant l'aspect d'un polar cyberpunk, dans un décor superbe, accompagné d'une musique parfois poignante de Vangelis, avec des comédiens inspirés (Harrison Ford décidément toujours là au bon endroit après Star Wars et Indiana Jones).
De plus, la version director's cut du réalisateur insiste sur le mystère qui entoure le Blade Runner. La magistrale scène finale accentuera les interrogations en plus de donner à Rutger Hauer quelques répliques absolument magnifiques.
Le film se passe en 2019. Rêverons-nous l'année prochaine de moutons électriques comme dans la nouvelle de Philip K Dick dont est tirée le scénario? Si ce n'est pas le cas, nous pourrons toujours revoir ce chef d'oeuvre qui devrait se bonifier au fil du temps et rêver de dialoguistes aussi inspirés dans un film de SF à venir.
"J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir."