We will mock you
J’aime bien la musique de Queen. Pendant un temps, ce fut rangé dans la catégorie Guilty Pleasure, en souvenir de mon adolescence, durant laquelle j’ai usé jusqu’à la corde mes Greatest Hits Vol. 1...
le 25 janv. 2019
187 j'aime
20
Juger Bohemian Rhapsody exige de relayer au second plan, pour un temps seulement, l’amour que l’on peut porter à Queen et à Freddie Mercury. Car le plaisir de retrouver le groupe mythique et de partager son intimité pendant plus de deux heures semble évident ; à ce titre, la scène finale, vaste show sur scène pour le concert de Live Aid – scène la plus réussie du film – ne vaut pas tant pour la qualité de sa reconstitution que pour le refus d’y accoler un quelconque parti-pris esthétique. Et ce constat est à l’image du film entier : aucune vision de l’artiste ni de l’homme ne perce, et la grande médiocrité esthétique de cette fiche Wikipédia pour débutants n’a d’égal que son absence de contextualisation. Le spectateur a sous les yeux un petit monde trafiqué où rien ne lui paraît crédible ni doté d’un potentiel légendaire, les chansons s’enchaînent au grand dam de l’époque de leur réelle écriture, chansons au demeurant tronquées pour tenir dans les limites imposées par une telle production. Il s’avère plutôt paradoxal de crier à l’injustice lorsqu’un morceau de six minutes est refusé à la radio pour des raisons commerciales, alors que le film lui-même n’en délivre que des extraits. Obsédé par la prothèse mandibulaire de Rami Malek, Bohemian Rhapsody n’a de bohémien que l’approche opportuniste et foutraque qu’il accorde à son sujet, alternant discours d’une grande vacuité et petits épisodes anodins. Rami en maillot de corps, Rami sous la pluie, Rami en peignoir… Mercury nulle part, exception faite des chansons délivrées, dans les plupart des cas en playback. Dépourvu de la moindre vision de la légende qu’il revisite, incapable de donner à voir le contexte dans lequel sa figure évolue et qu’il influence en retour, le film enchaîne les thématiques comme les rubriques d’une page « labiographiepourlesnuls ». À la considération du triomphe néanmoins remporté en salles, on ne peut que déplorer le statut iconique aujourd’hui arboré par Mercury et Queen, apte à les transformer en vulgaires animaux de foire.
Créée
le 22 févr. 2019
Critique lue 322 fois
3 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Bohemian Rhapsody
J’aime bien la musique de Queen. Pendant un temps, ce fut rangé dans la catégorie Guilty Pleasure, en souvenir de mon adolescence, durant laquelle j’ai usé jusqu’à la corde mes Greatest Hits Vol. 1...
le 25 janv. 2019
187 j'aime
20
Le problème d'un biopic est que soit il est mauvais et il n'a aucun intérêt, soit il est bon et il risque de remplacer la vie réelle de l'artiste par une légende hollywoodienne dans l'imaginaire...
Par
le 24 janv. 2019
137 j'aime
49
Projet au développement difficile (environ 10 ans tout de même), "Bohemian Rhapsody" est un film destiné à déchaîner les passions. Au départ prévu avec Sacha Baron Cohen dans le rôle-titre (et avec...
le 14 nov. 2018
103 j'aime
19
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
121 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
86 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
77 j'aime
14