Arlésienne du biopic, prévu depuis des lustres avec notamment l'excellent Sacha Baron Cohen dans le rôle de Freddie Mercury, le film sur l'épopée du groupe Queen a fait couler beaucoup d'encre pour finalement atterrir dans les mains plus ou moins expertes de Bryan Singer, désireux de changer de registre après une série de blockbusters inégaux et surtout une overdose de mutants...


Écrit par Anthony McCarten (spécialiste du genre depuis Une merveilleuse histoire du temps et Les Heures Sombres), le long-métrage va s'intéresser aux commencements du groupe et se pencher plus particulièrement sur son charismatique leader. Pour le pire et pour le meilleur... Car si l'on acceptera les innombrables modifications historiques conçues pour les besoins du passage sur grand écran, modifications devenues monnaie courante dans le biopic par souci de rythme et de romance, on ne comprendra pas le parti pris de Singer de livrer un long-métrage aussi désastreux.


Évincé en cours de route à cause de ses procès pour comportements sexuels déplacés, le metteur en scène est remplacé par Dexter Fletcher, qui finissait à peine son biopic sur Elton John. L'homme de la situation ? Pas vraiment, car si Rocketman n'est pas encore sorti, l'acteur-réalisateur essaie tant bien que mal de finir un film au préalable peu maîtrisé. Le montage catastrophique et certaines séquences musicales ratées sont le résultat d'une post-production chaotique, on l'entend bien, et seule la performance d'un Rami Malek habité vaut le coup d'oeil.


Pour le reste, les membres du groupe sont éclipsés, les situations les plus grotesques s'enchaînent à une vitesse folle (quoi de plus cool pour un groupe que de trouver les premières notes d'un futur tube pour se réconcilier en moins de deux ?) et les dialogues débiles fusent, comme si le scénariste avait délibérément choisi de proposer une parodie de Queen plutôt qu'un vibrant hommage. Non pas survolée mais très maladroitement présentée, l'homosexualité de Mercury, "détail" important dans sa carrière et celle du groupe, est amenée comme un cheveu sur la soupe tel une malédiction pour l'auteur.


D'un risible effrayant, cette partie se joint à une succession de scénettes à l'eau de rose particulièrement anecdotiques pour ne pas dire exaspérantes par moment. Et si le concert du Live Aid est une retranscription réussie, il ne suffit pas à nous faire oublier ce téléfilm de luxe ennuyeux et sans identité aucune. Peut-être verrons-nous un jour le director's cut de Bryan Singer, dépossédé comme Zack Snyder peu de temps avant lui. Pour le moment, Bohemian Rhapsody est un ratage quasi-intégral ô combien surestimé.

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le 11 mai 2019

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