Difficile de se faire une place sous les sunlights quand on est "fils de" …. Ce qui est le cas de Jean, fils de Jacques que je ne vous présenterai pas, 88 ans au compteur 2022... Difficile de se remettre à l'établi lorsqu'on a loupé la pièce précédente, ce qui était le cas ici...

Ce titre "bon rétablissement" voulait-il dire que le réalisateur repartait sur de nouvelles bases après l'échec de "Bienvenue parmi nous " ? C'est son antépénultième film à 81 ans. Courageux quand même d'oser un film qui se passe presque essentiellement en hosto alors que tout spectateur moyen préférerait les îles Canaries ! Il y a plus longtemps, la perspective des hôpitaux m'effrayait : la sensation d'être dans une autre planète peuplée de blouses blanches me terrorisait. Même dans les maternités. Alors aller voir un film là-dessus !... Et pourtant, 537 563 entrées quand même mais 53 % de rentabilité...

Jusqu'au jour où j'y ai passé six mois de vacances (pas à la maternité, à l'hosto) et à galérer ! On croit avoir la paix ? On n'arrête pas d'être emm...

Comme si la nana qui vient vous apporter vos médicaments ne pourrait pas en même temps prendre votre tension ? Ben non, ce serait trop simple ! Vous croyiez bénéficier de la quiétude et par moments c'est pire qu'un hyper aux heures de pointe Et côté gastronomique, même si on ne s'attend pas à manger chez Paul Bocuse, c'est pire que la cantine de l'école de votre enfance ou de l'armée... On en arriverait presque à rêver aux "rations alimentaires" de guerre du service militaire...

Pour couronner le tout, je me souviens de ces panneaux routiers "H" qu'on a rangés au musée Grévin des signaux, et qui mettaient en demeure les automobilistes de faire silence. Et bien on devrait les recycler dans les couloirs des hostos parce que dès 6 heures du mat, le personnel médical qui a dû lui se lever tôt, croit benoîtement que la planète entière est, elle aussi, réveillée... Et que les malades ont assez roupillé comme ça, même ceux qui ont passé une nuit blanche... Alors comme il y en a qui travaillent, "tout le monde debout !" !

Et à la prise de service, on doit subir que l’une interpelle sa collègue à l'autre bout du couloir en "gueulant" « T'as signalé la fuite d'eau du 15 ? » ou encore «T’as vu Patrick Sébastien hier soir à la télé ? » Pire que le clairon de l'armée sonnant le réveil dans les casernes... Quant à y emporter un ordinateur pour meubler vos longues journées, oubliez tout de suite : vous risquez fort de repartir sans… D’ailleurs, ici ça a failli…

Erreur de décors ? Ça m'étonnerait bigrement de voir des portes vitrées donnant accès aux chambres : bonjour l’intimité ! Tout cet internement forcé est finement expliqué par Becker : on croirait vraiment qu'il l'a vécu ! Et superbement mis en dialogues par Jean-Lou Dabadie loin d'être un amateur dans le genre, mais trop peu connu...

Dieu sait donc si j'avais peu envie de raviver ces mauvais moments, mais pour ne rien vous cacher, j'aime bien le Lanvin : pas celui du chocolat de Dali, mais l'autre... Et la perspective de le voir en proie à Darroussin me titillait les babines...

Hélas, Darroussin n'a qu'un tout petit rôle et le film ne dure pas très longtemps, comme inachevé. Je vous livre sa devinette pas très appréciée par le malade qu’il visite : « Quel est le comble pour une poule ? » Si vous ne trouvez pas, réponse à première demande… Mais comme il le confesse : « je sais, elle ne fait jamais rire ! »

Pour égayer l'atmosphère, Becker fils s'est essayé à jouer les "Simenon" en nous gratifiant d'une énigme : "Comment a-t-il pu se faire qu'un mec traversant tranquillement un pont en robe de chambre se retrouve propulsé par une voiture volée au dessus du parapet, et tomber dans la Seine sans que personne ne se souvienne des faits ? » Le tout est fort heureusement pimenté de moult gags comme ces séquences hilarantes de kiné... On a mal pour lui !

Le casting est une merveille du genre, même si Lanvin porte le film sur les épaules. Car, montrer autant d'anecdotes diverses avec une telle foule de comédiens variés et talentueux relevait de la gageure, et là, c'est du sans-faute.... Ce film sans prétention est un régal... Bien meilleure que la malbouffe hospitalière ,ou pour vous requinquer, on vous prive de ce que vous aimez bien au nom de la normalisation nutritive...

La première fois, je n’étais pas emballé… La seconde, j’en ai mieux apprécié les subtilités !

Drôle d'idée de programmer ça à une semaine des fêtes de fin d'année ! C'est ça l'intelligence artificielle ?

France 3 le 09.07.2018- 05.05.2022-13.12.2023-

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le 17 déc. 2023

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