Malgré l'ambition considérable du projet, et son aboutissement respectable, on ne peut s'empêcher de trouver un film comme Boyhood incomplet, parfois même superficiel. Pourtant, avec ses 2h40, il en couvre du terrain sur ces douze années qui séparent le petit Mason, six ans, de son entrée à l'université, et donc de l'émancipation de sa mère qui l'a élevé tout ce temps - un premier pas dans l'âge adulte. Le tour de force de Richard Linklater, c'est d'avoir réuni les mêmes acteurs, pendant douze ans, pour ainsi filmer une réelle continuité dans leur vieillissement. Toutefois, on peut se questionner sur l'intérêt, justement, de garder les mêmes acteurs si ce n'est pas pour filmer leur vie réelle, mais une vie scriptée. Car, au bout du compte, Boyhood donne l'impression d'un film qui condense douze saisons du feuilleton américain typique sur la vie quotidienne d'une famille, avec des acteurs qui grandissent, eux aussi, au fil des ans. Le long-métrage de Linklater reste un beau témoignage sur la jeunesse et une certaine perte d'innocence nostalgique, mais n'est pas à la hauteur de son concept.