Permanence des violences à l'égard des femmes

Un western, Brimstone, vraiment ? Pour les décors, l'importance de la religion et une ambiance générale, sans doute. Mais la sombre histoire qui nous est conté, en quatre chapitres "bibliques" et dans un certain désordre, est celle d'une lutte contre le mal absolu, dans un cheminement qui fait plus penser à un film d'horreur. Un film féministe, Brimstone, vraiment ? C'est certainement la volonté de Martin Koolhoven de montrer comment en un lieu et une époque donnés la gent masculine s'arrogeait tous les droits, celui d'une autorité qui déniait toute liberté aux femmes. C'était dans l'ouest américain, c'est encore vrai, hélas dans nombre de sociétés contemporaines. Ces belles intentions volent cependant en éclat au fur et à mesure que le film progresse multipliant les violences, les souffrances et humiliations faites aux femmes, montrés d'une manière réaliste, dans l'insistance et la surenchère permanentes, au point de se demander s'il n'y a pas une intention malsaine derrière cette accumulation de sévices. Un ratage, Brimstone, vraiment ? Non, malgré ce sadisme éhonté, il y a un scénario, certes inutilement complexifié par sa non linéarité volontaire et qui aurait pu être épuré, mais dont l'écriture est ambitieuse et a des allures de fresque narrative. Et la mise en scène, quand elle évite certaines coquetteries (plans en plongée), ne manque pas d'ampleur, avec une photographie remarquable. Côté interprétation, il y a de quoi être également mitigé : Guy Pearce a un rôle monstrueux, quasi indéfendable, dont il renforce l'aspect outré. En revanche, on est heureux de revoir Carice van Houten, 10 ans après Black Book de Verhoeven, où elle était prodigieuse. Enfin, il faut bien avouer que Dakota Fanning, pas toujours convaincante dans le passé, n'en finit pas de densifier son jeu. Elle réussit en tous cas ici à ne jamais surjouer alors que tout dans sa partition l'invitait à le faire. Un film à voir ou ne pas voir, Brimstone, finalement ? Comme d'habitude, chacun se fera s propre religion. Et Martin Koolhoven, qui est loin d'être un débutant, aura d'une certaine façon réussi son coup avec une audience largement plus étendue que celle à laquelle il était habitué.

Cinephile-doux
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le 27 mars 2017

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