«Brimstone»... rien que d'y repenser, j'en ai les poils qui se dressent. Quelle expérience. Quel film. Je vais y aller sûrement fort mais ce film est pour moi exceptionnel à tous points de vue. C'est certainement l'un des meilleurs films que j'ai vu dans ma vie et je remercie je ne sais qui pour m'avoir permis de le voir dans une petite salle de mon cinéma habituel à l'occasion d'une séance tard le soir, l'avant-dernière séance de diffusion du film il y a quelques mois...


Quand je suis ressorti du cinéma, j'ai du attendre au moins dix grosses minutes avant de me remettre. Les musiques du long générique, en phase avec la fin du film, ne m'aidait clairement pas à m'en remettre. Je n'arrivais plus à penser, à sortir de l'ambiance du film, à me remettre de cette fin. Je n'arrivais plus à rien faire. J'ai rarement vécu ça et lorsque ça se produit, logiquement il n'y a pas lieu de discuter, le film rentre dans mes coups de cœur directement.


Je vais démontrer maintenant pourquoi «Brimstone» est un film magistral. Pourquoi ce film est un chef d'œuvre et je ne mentionne clairement pas ces mots à la légère. Il mérite parfaitement ces lettres d'or et il devrait être inscrit au panthéon fictif des meilleurs films réalisés.


Tout d'abord, le film raconte l'histoire d'une femme, Liz, interprétée par Dakota Fanning, qui vit une vie plus ou moins paisible dans une ferme avec son mari et ses deux enfants présumés. Tout semblait si parfait quand on voit ce qui arrive... Un mystérieux prêcheur arrive dans la ville. Dès la première seconde, dans le regard de Liz, on sent qu'il va arriver un malheur. Guy Pearce est imposant, froid. Son interprétation est incroyable, il me faisait vraiment peur. Son regard, sa manière d'agir, les mots qu'il choisit d'employer : chaque chose contribue à augmenter la menace qu'il représente. On le ressent, à chaque instant. Cette menace qui pèse, qui oppresse, qui suit les protagonistes jusqu'à l'acte final. C'est l'apocalypse qui entraîne Liz vers la fuite.


Acte final qui, d'ailleurs, arrive d'une manière tout à fait excellente. En effet, le film est divisé en quatre chapitres. L'apocalypse, l'exode, la genèse et le châtiment. Ce n'est pas un montage traditionnel où on suit bout à bout l'histoire des protagonistes, non. Je trouve l'idée brillante pour deux raisons. D'abord, ça nous oblige à suivre, à être attentif et à nous poser des questions. C'est vrai, on voit Dakota Fanning fuir avec ses deux enfants puis on croit suivre une autre histoire. Personnellement je me suis posé quelques questions puis après, on voit quelques similitudes avec le comportement des personnages et on se laisse surprendre à imaginer la suite et à relier les deux chapitres et c'est ce qu'il fallait faire. Je trouve l'intention du réalisateur louable de vouloir nous jouer des tours et à nous pousser à ré-assembler le film jusqu'à ce qu'on le comprenne. Puis surtout, grâce à ce premier chapitre où on suit directement Liz adulte, ça nous aide à nous attacher à son personnage pour le chapitre final qui suivra deux heures plus tard. Les deux chapitres du milieu donnent de la matière aux personnages et renforcent encore plus l'attachement et la pitié que l'on émet envers Liz et la fureur que l'on a envers le prêcheur. Notamment je pense aux sacrifices que Liz doit faire pour survivre et fuir, toujours fuir. Le sacrifice de la parole est sans doute une des scènes les plus dures que j'ai vu au cinéma. La scène est tellement réaliste et sanglante, très certainement la scène la plus éprouvante que j'ai vu au cinéma. Je ne trouve absolument pas que c'est un point négatif, bien au contraire puisque cet événement contribue à l'avancée de l'intrigue et donc à l'acheminement vers l'acte final. Le montage est brillamment géré, on prend dès le début parti pris pour le personnage de Liz et on déteste celui du prêcheur. Le mélange des chapitres nous retourne le cerveau plusieurs fois, on essaye de construire le puzzle, de replacer toute l'histoire à sa place pour arriver au bouquet final...


Le quatrième chapitre commence avec un plan séquence hallucinant. Une diligence s'approche doucement vers la caméra, dans la nuit, sous une tempête de neige... Il faut reconnaître l'efficacité de la mise en scène pour oppresser le spectateur alors même que la scène se passe en extérieur. Puis s'en suit des coups de feu et toujours nos protagonistes qui essayent de fuir. Fuir... le personnage et le passé. Quelques minutes plus tard, lorsqu'ils ont trouvé un refuge, ce n'est plus le personnage du prêcheur qui toque à la porte. C'est le Diable en personne. Il monte les marches sous la musique impressionnante composée par Junkie XL et pour le dernier acte, son dernier geste, il entre en feu. L'Enfer se déchaîne.


Au-delà du dernier chapitre, il y a toujours cette dernière scène qui me hante. Cette scène lourde de sens et terriblement émouvante qui marque la fin de ce western violent. Sublimé par la photographie de Rogier Stoffers, on quitte ce récit avec les larmes aux yeux et les lumières se rallument. Je venais d'assister à un western profondément encré dans la violence, jamais montrée de manière injustifiée, toujours utilisée pour faire évoluer l'intrigue ou contribuer à l'ambiance si particulière que veut le film.


Je n'aborde par ailleurs même pas le facteur du féminisme évoqué dans énormément de critiques puisque selon moi, cet élément passe carrément au second plan. On est tellement passionné par l'histoire de Liz, son essai d'oublier cette si grande menace enfouie au plus profond de son âme, son essai de fuir pour protéger sa famille que le féminisme passe complètement à travers. Avec du recul il y a certes ce personnage de femme forte, qui a enduré tant de malheurs et qui essaye tant bien que mal de s'en sortir mais ça n'est pour moi pas du féminisme en sa bonne et due forme.


Je ne sais pas pourquoi j'ai mis autant de temps à me décider à faire cette critique. À vrai dire, je n'aurai jamais pensé pouvoir toucher deux mots à la suite à propos de ce film. Comme le disait dans sa dernière vidéo InThePanda à propos du film «Le Voyage de Chihiro» de Hayao Miyazaki, lorsqu'un film nous plait au point qu'on le considère comme un film qui a marqué notre vie, on ne peut pas expliquer pourquoi il nous a autant plu, du moins à l'écrit. C'est comme ça. Notre avis est encore plus subjectif que d'habitude et on ne peut qu'en dire du bien. Dans cette critique, je ne peux encore exprimer pleinement mon coup de cœur que j'ai eu pour ce film, tout me semble si parfait... C'est avec un immense plaisir que je termine ma critique sur l'un des meilleurs films de 2017. J'espère sincèrement que Dakota Fanning sera nommée à l'Oscar de la meilleure actrice et Guy Pearce pour l'Oscar du meilleur acteur pour la cérémonie de 2018, ils méritent au moins ça. Martin Koolhoven a très certainement écrit et réalisé l'un des meilleurs films de cette année.


20/20

Mick1048
10
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le 9 juil. 2017

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Mick1048

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