Cité comme un faible Hitchcock, j'ai pourtant bien apprécié.

Certes, on est loin des thrillers du maître, il s'agit là plutôt d'une sorte de drame personnel, sous le sceau tout de même d'une antienne hitchcockienne, la fameuse innocence coupable.

Ici le personnage joué par Ivor Novello (ce type là a une tête décidément bien sympathique et puis il joue bien) un jeune étudiant (Novello en parait trente bien tassés quand même) est viré de son université parce que soupçonné à tort de viol à la place de son copain. Il ne pipe mot.
Son père le rejette et il se laisse aller à la déchéance, d'où le titre, d'où ces escalators qui le font descendre, d'où ces ascenseurs qui n'en finissent plus de le faire descendre, encore plus bas, jusqu'au delirium tremens en bon alcoolique suicidaire.
D'ailleurs quand il reprendra espoir, il montera des cales du bateau qui le ramène chez lui, il grimpera sur le quai, etc.
Parti d'un premier plan sur un terrain de rugby de l'université, le film cercle se terminera sur une autre partie sur le même terrain. Le film cercle dessine son mouvement, pas de manière symétrique évidemment, on s'appesantit sur la descente, au parfum mélodramatique cher à cette époque.

Même si le déroulement de l'histoire et la manière par moments très ingénieuse de mettre en image ne dépassent pas ses futurs chefs d'oeuvre il y a là des moments de grâce qui me font adorer cet olibrius d'Hitchcock. L'on sent la très forte influence de l'expressionnisme allemand : certains plans entre ombre et lumière sont magnifiques (la danse dans le magasin, le bouge à Marseille).
Les acteurs sont étonnants, de plus les filles sont superbes autant qu'elles jouent très bien. La vieille qui tente de séduire Novello au bord d'être son gigolo, a un de ces regards à la fois inquiétants et pitoyables. Le film regorge de ces petits instants de bonheur cinématographiques : une actrice, un regard, une ombre ou bien un temps ici ou là.

Oh, je ne sais pas qui a composé ou joué l'accompagnement musical du dvd Universal mais je l'ai trouvé assez entraînant, original et très approprié.
Alligator
8
Écrit par

Créée

le 31 janv. 2013

Critique lue 438 fois

7 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 438 fois

7

D'autres avis sur C'est la vie

C'est la vie
CeeSnipes
6

Insignifiant.

En 1927, Alfred Hitchcock est un cinéaste moraliste qui parvient à sauver les films sur lesquels il travaille grâce à une maitrise technique exceptionnelle et même novatrice. Sans...

le 26 févr. 2013

2 j'aime

2

C'est la vie
Lynch_Stanley
6

Critique de C'est la vie par Lynch_Stanley

“Downhill” est un drame muet réalisé par Alfred Hitchcock. Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre d’Ivor Novello qui tient le rôle principal dans le film. Celui-ci débute sur une histoire...

le 13 juin 2023

1 j'aime

C'est la vie
Tinou
8

Critique de C'est la vie par Tinou

Une descente aux enfers qui ne lâche le spectateur qu'à la dernière minute. Difficile de ne pas s'attacher à ce personnage naïf qui persiste à croire en des valeurs nobles comme l'amitié et l'amour...

le 26 oct. 2010

1 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime