Calmos par Cinemaniaque

• Qu'est-ce que t'as, ça va pas ?


• J'ai pas faim...


• Mais mon non plus j'ai pas faim. En v'la une excuse. Attention Albert si tu t'écoutes t'es bon pour rentrer chez Geneviève et
  becqueter son cachou.


• Je suis barbouillé.


• Eh ben débarbouille toi, la Tuborg c'est fait pour ça. Y a rien de tel pour se remettre la bouche à neuf.

Existe-il échange plus représentatif du film de Blier que celui-ci ?

Calmos, sous ses airs foutraques (et dieu sait qu'il l'est, en fait), n'est pas seulement une réaction bite-poil-cul au succès des Valseuses ; c'est aussi la façon de Blier de faire son La Grande Bouffe, sorti trois ans plus tôt. Sauf que là où un Ferreri s'interroge sur le sens de la vie et de la mort, Blier s'interroge surtout sur la Femme (comme d'hab), sur le sexe (comme d'hab) et sur les emmerdes que l'association des deux peut provoquer (comme d'hab).

Calmos, c'est un gros n'importe quoi assumé, de l'excès du poil pubien et de l'extravagance narrative absolue (cfr le final dans le vagin géant) comme pour dynamiter l'image de jeune prodige qui lui collait dès le départ à la peau. Les dialogues sont ciselés, les bouches qui les prononcent sont au diapason (mention à Marielle, sa gouaille, son physique athlétique et sa moustache emblématique) et le film part dans tous les sens sans jamais s'inquiéter de ce qui pourrait advenir ensuite.

Film qui sent l'improvisation (un oxymore vu le degré de sophistication de l'écriture), chant du cygne du bon goût et ode au foutraque, à la débandade et au ptit rouge d'après repas, Calmos est imparfait, bancal, inégal, mais tellement original qu'il mérite de ne pas être oublié dans une filmographie déjà, elle, incontournable.