I want to be a part of it, New York New York...
J'aime beaucoup Yasmina Reza et ses œuvres.
J'adore Roman Polanski. J'ai d'ailleurs été très content de le voir présent, même s'il m'avait l'air bien fatigué, ou bien alcoolisé (ou autre ?).
C'est donc sans surprise que j'ai beaucoup apprécié ce film. D'une part ses qualités d'écriture : on reconnait la marque de fabrique de Reza dans le jeu des alliances changeantes, dans des personnages extrêmement bien caractérisés et dans cette intelligence du rire, jamais gratuit, qui finalement fait bien réfléchir. On reconnait d'ailleurs certains personnages, certaines mentalités, que l'on pourrait croire sortis de sa pièce "Art". La structuration de la pièce est d'ailleurs la même, et sa manière d'aborder les problématiques aussi. On ne change pas une équipe qui gagne. La fin peut paraitre expédiée, mais la descente est souvent rude chez Reza. Comme le dit blazco, on retrouve ce pessimisme de Reza sur les relations humaines(bien qu'en effet, ça ne soit pas le bon mot pour décrire son approche), doté d'un soupçon d'optimisme, ça et là.
Au point de vue de la réalisation, Polanski se débrouille très bien, et ne nous donne pas la simple impression de regarder une pièce de théâtre captée, sans pour autan détruire tout l'aspect théâtral de l’œuvre. Là où les trois quarts auraient opté pour un 1.85 standard pour filmer ce genre d’œuvre, Polanski choisit le 2.35 cinemascope. Le genre de petit détail technique qui a son importance : toute la surface de l'écran est occupée. Toute la scène théâtrale est occupée. Polanski s'amuse à changer ses notions de cadres et de mouvements au fur et à mesure de l'avancement de l'intrigue et de la tension dans l'histoire : on passera ainsi de plans fixes ou steadycams bien posés à une caméra à l'épaule plus brutale, dont le placement dans le découpage est extrêmement astucieux. Il nous gratifie également d'une très belle lumière et d'une chouette musique signée Desplat (blazco s'est déjà étendu dessus). Quant aux acteurs, ils sont tous extrêmement bien dirigés, et surtout très bien équilibrés : on peut avoir sa préférence pour tel acteur/personnage, mais aucun ne prend véritablement le dessus au cours du film (contrairement à la pièce où c'était Huppert qui ressortait et les autres qui faisaient de la figuration).
Bref, peut-être pas un Polanski majeur, mais un film très appréciable qui a été plaisant à tourner (et ça se ressent, Polanski nous a lui-même confié que c'était le tournage le plus agréable de sa vie, grâce aux acteurs notamment), et plaisant à regarder. Très très plaisant