Casino Royale fut pensé comme un reboot, né de la volonté de relancer une franchise rendue en 3 films moribonde et dépassée, ce en l'ancrant dans un réalisme plus froid et plus brutal.

Si l'ère Brosnan avait plutôt bien démarrée avec un GoldenEye énergique et sympathique (malgré quelques séquences complètement nawak, comme la récupération d'avion en plein vol dans la séquence pré-générique), il faut avouer que les 3 films suivants auront eu bien du mal à conserver ce niveau. La faute au départ des habitués de la franchise comme Glen ou Gilbert ? A un personnage s'accoutumant mal à la fin de la guerre froide et à la nécessité d'avoir des ennemis moins faciles à trouver ?
Quoiqu'il en soit, Die Another Day, en se faisant suiveur de xXx, réussira à faire pire que son exemple pourtant déjà peu reluisant. Entre la sur-utilisation des gadgets, les CGI foireux dès le générique hideux doublé d'une chanson qui l'est tout autant, Lee Tamahori aura laissé (ironie inside) un joli champ de mine pour la suite avec cet épisode-hommage complètement bancal.

Or, à ce jeu là, Casino Royale s'en sort extrêmement bien, se payant même le culot d'être l'un des meilleurs Bond de la franchise. En revenant au côté brut et arrogant du personnage, peu enclin, au final, à se servir d'une technologie folle furieuse chez Brosnan, et servi par le magnétisme affolant de Daniel Craig, c'est un formidable retour aux sources qu'effectue la franchise.

Pourtant, c'est en opérant des changements de taille que le film réussit là où les derniers ont échoué.

Tout d'abord, en offrant à Bond quelque chose qui ne s'était pas vu depuis Au service secret de sa Majesté : des sentiments face à une James Bond girl d'exception jouée par Eva Green. Le résultat : créer un Bond faillible, plus humain, et en même temps terriblement engoncé dans une armure de glace. C'est évidemment bien plus intéressant que le côté serial habituel, comme on pouvait notamment le voir chez la période Roger Moore.
Ensuite, c'est en créant une trame de fond s'étendant au delà du film. En cela, le film est une première puisque c'est le dernier à posséder une suite directe.

Ainsi, la narration passe à une échelle supérieure en terme de dramaturgie, tant du côté de l'organisation ennemie que de la personnalité de Bond.

Cependant, cela ne serait rien sans une bonne rasade de scènes d'action. Si le film n'en est pas vraiment avare, on pourra tout de même reprocher un montage pas forcément passionnant de celle ci, avec des courses poursuites parfois interminables et qui ne semblent pas toujours aller en crescendo.
Mais là où le film fait fort, c'est de réussir à nous enfiler discrètement 45 minutes de Poker Texas Hold' Em, ni vu ni connu. Enfin presque, car il faut l'avouer, la grosse faiblesse du film réside dans ce morceau énorme et pas franchement palpitant, et qui aurait clairement pu être raccourci. Si Casino Royale est le film le plus long de la franchise, c'est probablement une longueur inutile tant cette portion du film aurait pu être raccourcie.

Cependant, si on accepte ce découpage en 2 parties assez inégales (en fait 3, mais je m'abstiendrai de détails pour éviter les spoilers), Casino Royale est un film d'action / aventures de choix, et une relance assez formidable d'une saga qui aurait bien pu être enterrée si elle avait continué sur sa lancée.
Remy_Pignatiell
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le 20 oct. 2013

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