La création,c'est fini.Tout a été dit,tout a été écrit,tout a été filmé,ce qui pose un léger problème aux auteurs et aux producteurs,d'où ce déluge de remakes,de reboots,de rebirths,de spin-off et de cross-over déferlant sur les écrans depuis quelques années.La seule marge de manoeuvre subsistant réside dans la manière de raconter les histoires et dans leur mise au goût du jour.Les productions Disney n'échappent pas à ce phénomène et disposent d'une solution toute trouvée:transformer leurs dessins animés en live action.La firme s'est donc attelée à revisiter son prestigieux catalogue,avec des résultats peu probants car l'idée,pour évidente qu'elle soit,n'est pas si bonne que ça.Adapter de l'animation en live est très compliqué,c'est un peu le même problème que pour les BD.Tout est différent,le graphisme,le look des personnages,le rythme,les codes narratifs,la gestuelle,et il faut beaucoup de talent,d'imagination et de créativité pour aboutir à une réussite.Visiblement Kenneth Branagh et ses équipes n'avaient pas ça en magasin au moment de matérialiser ce sixième remake live de leurs grands classiques animés.65 ans après l'oeuvre de Luske,Jackson et Geronimi,voici donc ce nouveau "Cendrillon" en "pour de vrai".On hésite à croire qu'on puisse se louper à ce point-là mais manifestement c'est possible.Le réalisateur anglais livre un travail de sagouin et se révèle incapable d'insuffler la moindre énergie à ses scènes ou de montrer une quelconque originalité dans ses plans,se contentant d'abuser des images "vues d'en haut" pour donner le change et gagner du temps.Il n'y a aucun rythme et les scènes inutiles s'étirent languissamment,histoire sans doute de bouffer du métrage pour pas cher.Et tout est à lavement,comme on dit chez les poires:voix off fatigante débitant de la merde,dialogues d'une niaiserie intersidérale,action au ralenti,personnages creux,décors surchargés d'une traumatisante laideur,effets spéciaux tout pourris,musique et chansons atroces et comédiens jouant mal bien au-delà de la faute professionnelle.On suit sans trop se fouler et sans enthousiasme les grandes lignes du conte de Perrault mais il faut avouer que Chris Weitz,ici scénariste et par ailleurs réalisateur de comédies comme "American Pie" ou "Comme un garçon" et de films fantastiques tels que "Twilight 2" ou "A la croisée des mondes",a tenté de remédier à certains défauts du film de 50 en équilibrant la temporalité et en comblant les manques d'explication.Sauf qu'il le fait si maladroitement que ça ne se solde que par une aggravation de la situation.Par exemple,le dessin animé débute avec une héroïne déjà orpheline et sous la coupe de sa marâtre et des deux filles de celle-ci,alors que dans cette nouvelle version on nous raconte ce qui a précédé.Malheureusement c'est complètement raté et ça n'apporte strictement rien au récit.On nous montre Ella,la future Cendrillon,qui est la plus gentille des petites filles vivant dans le meilleur des mondes avec le plus gentil des papas et la plus gentille des mamans,et qui copine avec des animaux super gentils.Là,il est plus raisonnable de déconseiller la vision du truc aux diabétiques tant cet empilement de guimauve bisounoursière fracasse toutes les limites du dosage en sucre.C'est de surcroit contre-productif car ça donne du poids à la question de savoir comment le père de Cindy,une fois veuf,a pu s'enticher de la marâtre et de ses deux saloperies de filles dont la pourriture et la nocivité est évidente dès leur apparition à l'image.On tire exagérément sur la corde du mélo,ce qui n'était pas le cas dans le DA,avec la présentation des morts de la maman puis du papa,et avec tout ça on a déjà emballé 15-20 minutes de pignouferies irrécupérables.La quasi absence du Prince Charmant posait aussi problème dans l'original et Weitz corrige ça en renforçant sa présence mais là encore c'est la cata tant les scènes avec ce Kit sont dégoulinantes de bêtise et de mièvrerie,et tant Richard Madden est nul et inexistant dans le rôle.Autre modification notable,la fin du film qui en 50 était assez expédiée.Caramba,encore raté!Parce que si c'était pour nous coller ces séquences niaises de pardon christique,de bonheur absolu et de peuple en liesse,il aurait mieux valu conclure abruptement.D'ailleurs la gentillesse et la naïveté de Cendrillon,qui passaient assez bien la rampe de l'animation,ne convainquent décidément pas avec un personnage réel,la fille ayant juste l'air d'une idiote qui n'a finalement que ce qu'elle mérite.Sinon tous les protagonistes sont définis dans l'excès,ce qui pousse les acteurs,déjà calamiteux,à en rajouter comme des malades,d'où un festival de grimaces tordues,de mouvements désaxés et de poses ridicules.En plus rien n'a l'air vrai,pas plus les animaux que les bâtiments,même l'herbe joue faux,et les rapports d'Ella avec les bêtes de la ferme,si importants dans l'animé,sont bâclés comme le reste.Un truc qui n'a pas changé,c'est l'apparition de la fée.Elle est indispensable au développement de l'histoire mais sa présence n'est aucunement expliquée,c'est une sorte de deus ex machina qui dans le premier film était au moins qualifiée de marraine de la jeune fille alors que là rien du tout,elle se pointe et basta.Disney s'est payé un gros casting et au vu des performances il semblerait que ce soit du pognon jeté par les fenêtres.Lily James a l'air perdue et dépassée en Cendrillon en chair et en nonosse,Cate Blanchett se croit visiblement au Grand-Guignol,Helena Bonham Carter fait ce qu'elle sait faire,du cabotinage stérile,et Stellan Skarsgard,que Branagh avait dirigé dans "Thor",s'applique à en faire le moins possible.Le colosse noir Nonso Anozie a également tourné d'autres films avec le cinéaste britannique puisqu'on le voit dans "The Ryan initiative" et "Artemis Fowl".