Bonjour, j'aimerais bien me télécharger une conscience, ça ferait bien sur mon CV

Holala, est-ce que Neil aurait donné tout son talent dans la réalisation de son court métrage "Halo" et dans son "District 9" ? Parce que "Elysium", c'était vraiment pas top (lui-même l'a avoué) et celui-ci est décevant malgré un fort potentiel.


Le scénario est hyper mal foutu. Durant les 20 premières minutes, tout va trop vite, il faut dire que l'auteur s'embrouille dans plein de sous-intrigues et tient à TOUT expliquer, alors qu'il aurait été tout simple de commencer le film au moment où Chappie naît (on s'en fout complètement qu'avant d'avoir sa conscience, ce robot n'avait pas de chance...). Si le rythme est moins soutenu par la suite, les intrigues sont tout de même trop nombreuses et n'ont pas de réel rapport entre elles. Sur la fin, ça recommence à devenir le foutoir. Le pire, c'est aussi cette belle fin que Neil a raté et dont je parlerai en bas, en spoilant, si vous suivez cette astérisque*.


Les personnages sont tellement fades et creux (certains sont carrément inutiles, comme celui de Michelle Bradley). C'est bien simple, il leur suffit d'une phrase pour les faire changer d'avis (par exemple le scientifique à qui le boss dit non, qui boude dans son coin, puis il lit une bête affiche qui suffira à le convaincre qu'il doit persévérer...). Cela donne lieu, en conséquence, à des comportements ... stupides mais ça ouvre aussi la porte à de belles incohérences (le créateur qui va et vient dans la planque des criminels, qui ne l'acceptent pas mais ne trouvent pas de raison de le tuer alors qu'ils n'ont plus besoin de lui...). Du coup ça fait bien marrer par rapport à la thématique de la conscience. Si au moins ç'avait été pensé simple pour un film simple, mais non, les auteurs veulent tout compliquer, ils prennent leur sujet très au sérieux.


Le concept de conscience n'est pas très bien défini non plus. En même temps c'est un sujet philosophique assez complexe. Alors soit on en dit le moins possible, soit on fait un film philosophique. Ici, Neil en dit tout juste trop pour ne pas être crédible. Il associe un peu trop la conscience à l'intelligence par exemple. Je veux bien croire en un lien entre les deux, mais le problème c'est que ses personnages sont très cons (comme Chappie qui, même après avoir tout appris de l'internet, ne comprend pas que balancer un shuriken dans la tronche d'un type ça ne l'endort pas, ça le TUE).


L'aspect scientifique est franchement pas très élaboré non plus. Le chercheur tout seul dans sa maison qui créée son programme de conscience... et surtout la manière de la créer... c'est vraiment très Z. Ce qui ne colle pas avec le reste du film qui se veut plutôt sérieux malgré quelques notes d'humour. L'humour, d'ailleurs m'a paru peu drôle ; faut dire que les 'gangstas' sont trop caricaturaux. En soi je n'ai rien contre la caricature, mais comme ils font de Chappie une caricature, il aurait été plus intéressant et plus drôle de marquer une différence entre le comportement caricatural du Robot qui essaie de les imiter, et celui des vrais 'gangstas'. Mais bon, chacun son humour on dira...


La mise en scène n'est pas extra non plus. Déjà, je retiens des décors et costumes très pauvres. J'avais vraiment l'impression d'être dans un mélange de "Mad Max 3" et de "Robocop 3", ce qui n'est pas très flatteur. Le lieu principal est très pauvrement décoré, on n'en retient si ce n'est un bâtiment avec quelques bibelots... pareil pour les costumes et coupes de cheveux, rien de mémorable (à part ce flingue jaune si moche qu'on dirait du plastique).


Ensuite, le découpage n'est pas top. Neil insère des tas de ralentis qui ne servent pas à grand chose. Et puis beaucoup de plans à vitesse normal qui ne servent pas à grand chose ; il surdécoupe moins que dans "District 9" et Elysium", mais il surdécoupe toujours. Ses jumpcuts sont vraiment vraiment très agaçants. Aussi, les scènes d'action manquent d'un vrai souffle épique. Il ne suffit pas de mettre du ralenti pour que ce soit cool : il faut trouver de bons angles de vue, trouver un bon rythme dans l'enchaînement des images, savoir s'arrêter sur les petits détails... Rien de tout cela ici, c'est plat de chez plat.


Les effets spéciaux sont tout de même très bons globalement, comme c'était déjà le cas de "District 9" d'après mes souvenirs lointains. Quelques plans parfois un peu trop fluides, où on sent que le robot n'est qu'une image de synthèse (le plus souvent des inserts de mains qui bougent ou quoi). Et puis le pire effet, et c'est étonnant, concerne la mort de Yankie : son corps propulsé ne fonctionne vraiment pas, et ça se remarque malgré le fait que ce soit très court. Le passage est en plus assez gore, ça aussi c'est étonnant. Sans doute pour renforcer l'hommage à Verhoeven ?


Les acteurs sont corrects. Jackman fait rigoler avec son petit short (encore trop long à mon goût ; quitte à faire dans le mauvais goût, autant y aller à fond je trouve). Dev Patel ne m'a pas trop convaincu. La scène où il 'crée' la conscience est assez risible.


Bref, je ne me suis pas beaucoup amusé pendant le film. Quelques passages intéressants au moment de l'apprentissage, mais clairement, Neil s'est emmêlé les pinceaux et passent à côté de son sujet. Il aurait dû viser quelque chose de plus simple et mieux potasser sur son sujet. Cela m'a fait penser à "Blackhat" où Mann peine à rendre justice au monde du hackage. En fait, je recommande plutôt d'aller voir "Frank & Robot" qui aborde le sujet sans se vautrer comme ici. DEt pour terminer, je n'ai vraiment que très peu d'espoir pour ce cinquième volet de "Alien" (en Afrique du Sud on ne personne ne vous entendra crier) au vu des deux derniers films de Blomkamp... mais bon, je le verrai quand même, on ne sait jamais.


Ci-bas, je parle de la fin du film. Évidemment, je spoile un peu. Mais en même temps, si vous êtes parvenu jusqu'ici, c'est que ça ne vous dérange pas trop d'être spoilé, vu que j'ai révélé quelques éléments déjà.


*Chappie qui se sacrifie pour que son créateur vive bien qu'il lui en veuille de lui avoir donné un corps destiné à mourir. Une idée très belle, très riche, très dramatique. Surtout que le créateur se réincarne dans le corps d'une de ses créatures. Ça c'était la fin idéale. Mais non. Il a fallu que le personnage se rende compte qu'il pouvait aussi téléporter la conscience de Chappie dans un autre robot. Rien de plus simple. Là où ça devient complètement écœurant, c'est que 'maman' aussi aura droit à sa résurrection. Quel intérêt de sacrifier des personnages si c'est pour les ressusciter après

Fatpooper
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le 17 juin 2015

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