Crise de foi

Tim Burton adaptant du Roald Dahl, voilà qui sonnait plutôt bien ; d'après le roman éponyme, Charlie et la Chocolaterie fut de fait un succès commercial des plus honnêtes pour le papa d'Edward aux mains d'argent ou encore Big Fish, deux long-métrages parmi d'autres laissant penser que celui-ci saurait porter efficacement à l'écran l'oeuvre fameuse de Dahl.

Lorgnant du côté du conte fantaisiste moralisateur, car empreint d'un message s'adressant avant tout aux plus jeunes, Charlie et la Chocolaterie s'apparentait ainsi à un récit certes simpliste mais éminemment loufoque ; quoi de mieux pour Burton, dont la patte singulière n'a pas son pareil pour transcender l'imaginaire visuel d'un tel univers, la rencontre entre le miséreux (mais chanceux) Charlie Bucket et Willy Wonka nous réservant une pléiade de bizarreries.

La quête du golden ticket s'avère en tout cas enthousiasmante dans un premier temps, le décor est savamment planté et l'on se prend au jeu comme d'intérêt pour la mystérieuse usine de chocolat, dont l'énigmatique propriétaire promet bien des surprises ; la suite ne convainc cependant qu'à moitié, la trame s'enlisant dans un schéma répétitif multipliant les facilités et absurdités en tout genre.

Il y avait pourtant de quoi s'y attendre, l'excentricité de Willy Wonka annonçant d'entrée la couleur en ce qui concernait la visite à venir ; le personnage n'amuse d'ailleurs que trop peu, et ce au même titre des prévisibles péripéties vécues par ce groupe d'enfants caricaturaux, chacun étant l'incarnation d'un vice affligeant la jeunesse d'époque.

Finalement cousue de fils blancs, la finalité du long-métrage n'en paraît alors que plus évidente, le devenir du mignon-tout-plein Charlie n'est ni enchanteur ni surprenant en soi, tandis que les tourments parentaux du décalé Willy brillent d'une conclusion tout aussi téléphonée ; rien de rédhibitoire heureusement, le ton demeurant suffisamment sympathique pour divertir, à ceci près que les interventions musicales des Oompa Loompa manquent de peu d'agacer.

Pour le reste, Charlie et la Chocolaterie constitue un spectacle visuel aussi atypique que réussi, Burton sublimant comme espéré toute la loufoquerie composant l'incroyable usine ; on note aussi la présence de références cinématographiques bienvenues, de grands classiques y trouvant leur compte (2001, l'Odyssée de l'espace, Psychose...).

Enfin, le casting s'en tire plutôt bien dans l'ensemble, du convaincant Freddie Highmore au discret mais excellent Christopher Lee (légende du Septième Art de son état, reposez en paix Monsieur Lee) les diverses interprétations concourent au charme (tout relatif) du long-métrage, dont la vedette Johnny Depp rattrape l'extravagance désarmante d'un Willy Wonka pas forcément engageant.

Bref, on réservera Charlie et la Chocolaterie à un public jeune, ses tenants et aboutissants bénéficiant d'un traitement bien trop facile... heureusement compensé par une originalité ambiante salvatrice.