Et voilà. Encore une.
Encore une de ces putains de critiques qui ne parlent pas, -mais alors absolument pas!-, du film qu'elle est sensée illustrer.

Pas un traître mot.

(Lecteur potentiellement frustré par cet incipit, ne lis pas une syllabe de plus, et rends-toi donc directement dans la section réservée aux commentaires, que tu pourras revêtir, et ce sera bien légitime, des habits revigorants de l'insulte. Ou, plus prosaïquement, cesse immédiatement ici une lecture qui ne pourra devenir que plus absurde à chaque nouvelle ligne)

Pour tout dire, j'ai d'autant moins envie de parler de ce film que je ne l'ai pas vu.
C'est, d'une certaine façon, et vous me le concéderez, assez logique.
(j'ai d'ailleurs dû, une fois n'est pas coutume, attribuer une note aussi fantaisiste que neutre pour pouvoir publier)
C'est son thème seul qui a guidé mon choix.

Parce que le sujet, le voilà.
Le fait est que SensCritique, en plus des mille-et-uns petits plaisirs qu'il a l'habitude de procurer à la plupart d'entre nous, se révèle être un merveilleux site de rencontre.

Après plus de deux ans de lectures réciproques de critiques, d'échanges de points de vue où la mauvaise foi le disputait à la plus parfaite absence d'intégrité, après plus de deux ans de fous rires idiots, d'engueulades homériques, de commentaires salaces ou désobligeants, de malentendus grossiers et d'affinités parfois aussi magnifiques qu'inattendues, il fallait bien qu'une rencontre ait lieu.

Elle a eu lieu.

A la faveur d'une activité professionnelle aux contours incertains, la montée "à la capitale" (prononcer avec l'assent sudiste de circonstance) d'un plus-tout-jeune résident de la région marseillaise, votre humble serviteur, fut l'occasion d'une soirée qui ne manqua pas de tenir nombreuses de ses promesses.


Alors bien sûr, ne comptez pas sur moi pour révéler ici dans le détail les intimités coupables d'une soirée qui ne manqua pas de fulgurances. "what occured that night stays within that night" comme ont l'habitude de la dire les plus britanophiles de nos rugbymen du sud-ouest, au cours de leurs soirées avinées curieusement baptisées du qualificatif de troisième mi-temps.

Il me suffira d'évoquer ici sous formes de flashs surréalistes quelques moments absurdes, dont le souvenir étonné ne doit pas sa stupeur qu'aux incertitudes sporadiques provoquées par ses accès amnésiques éthyliques.

Comment ne pas narrer cette double dédicace, l'une chaleureuse et l'autre encore aujourd'hui parfaitement incompréhensible, écrite par le duo Senscritchaiev-Torpenn ?

Comment ne pas revenir sur ce dialogue riche et intense pendant lequel Pruneau m'expliqua pourquoi il ne m'avait jamais choisi comme éclaireur, conduite qu'il mit un point d'honneur a poursuivre inexorablement depuis, -quel enculé !-, tentant maladroitement de noyer le lendemain matin cette faute inexcusable dans un assaut d'appréciations inconséquent, geste dont la maladresse ne peut être expliquée que par une période de décuvage dont il s'empressa de démentir l'existence, s'appuyant sur une vigueur et une condition physique dont la seule évocation me fait encore serrer les mâchoires du rire jaune de l'alcoolique repenti.

Comment ne pas dire deux mots de cette discussion à batons rompus avec Gizmo dont le sujet, le développement et la conclusion m'échappent aujourd'hui entièrement, non en raison de son innépaisseur mais bien à cause de l'heure tardive à laquelle elle a été tenue, proportionnelle au nombre de chopes et de ballons descendus ?

Pourquoi passer sous silence ces deux nobles établissements parisiens qui, avec tout le respect et la bienveillance qui caractérisent leur confrérie, nous prièrent de bien vouloir rejoindre le trottoir pour cause de fermeture en tout point réglementaire ?

Comment oublier cet accès subit d'intérêt aussi inattendu que malsain de la part de Torpenn au sujet de la babbysitteuse de Kenshin (resté, le pauvre, dans la cité Phocéenne), lors de mon évocation de la soirée Malickienne que nous avions vécue récemment ?

Pourquoi, ne pas se souvenir de la présence complice et lumineuse du déraciné Ukhbar, participant pionnier du premier ciné-club marseillais et désormais parisien captif des rigueurs d'un climat qui lui ont fait perdre quelques degrés dans la teinte du visage et dont le cœur sensible ne doit sa survie qu'à la présence turbulente de la compagnie bruyante dont je m'efforce de décrire les contours avec une maladresse qui me rend confus ?

Comment ne pas avouer, enfin, qu'à la faveur de libations successives, je prétextais à plusieurs reprises la nécessité de l'emploi de mon téléphone portable pour une recherche sans fondement, et me servait d'un manque de réseau imaginaire pour prendre en photo, et sous toutes ses coutures, un Torpenn aux gestes de plus en plus inconséquents au fur et à mesure que la soirée progressait, sous le regard complice de Senscrit', série de clichés que je me propose de livrer en totalité contre une somme d'argent des plus modiques, à tout lecteur qui en exprimerait le souhait ?
(En message privé, merci)

Allez, terminons sur une derrière anecdote qui pourra me faire remonter dans l'estime des plus méprisants d'entre vous, ou aux pires ennemis de certains membres du site, évoqués depuis le début de cette chronique, pour peu que ces personnes aient eu le courage d'arriver jusqu'ici.
Sachez donc que le modeste auteur de ces lignes est un homme qui a giflé Torpenn.
Certes, ce ne fut là que la modeste et imprécise réponse à un double assaut cinglant de ce dernier, dont la fureur n'eut d'égale qu'un certain sens de la folie digne d'un plateau télé accueillant Fernando Arrabal et Edouard Baer, geste qui ne manqua pas d'un certain panache dans la gratuité et l'absurdité; toujours est-il que cette riposte eut le mérite d'exister.


Trêves.

Mettons fin ici à ces évocations sulfureuses, et concluons sur une note légèrement plus profonde.
A l'instar de la dédicace évoquée plus haut, mêlant les thèmes de la famille et de l'amitié, je me permettrai de témoigner avec émotion d'un phénomène plutôt rare. Si ce n'est à la suite d'une longue correspondance cherchant à parvenir à ce but, il est extrêmement peu fréquent de rencontrer pour la première fois des êtres humains que l'on a à ce point l'impression de (très) bien connaitre. Une connivence à laquelle, sans doute, le caractère intime de ce que révèlent certaine de nos critiques (ou tous simplement nos goûts) n'est pas étranger.

Une soirée mémorable qui en appelle forcément d'autres, la prochaine étant fixée sous des latitudes plus méridionales, et cette fois sous un ciel à l'image de l'esprit des membres de cette équipée sauvage: serein, immaculé, démesuré.
guyness
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le 29 mars 2013

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guyness

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