Sur quels critères juger ça ? La plasticité du bodybuildé ou l’esthétisme de ses poils pubiens ? La fermeté mammaire de l’entretenue ou ses pseudo-aptitudes professionnelles ? On regarde Cinquante Nuances plus claires comme une douteuse vitrine qui exhiberait ses mannequins-pantins devant un fond paradisiaque fait de toc et de choc. Entre milliardaires on se comprend, certainement. Alchimistes du néant ayant cette remarquable capacité à transformer une déjection en coquille dorée et perlée de diamants, les scénaristes font la blague de transposer Twilight au pays des cravaches ; dans ce jardin où s’amoncellent les fleurs écloses trotte une famille toute belle toute gentille, dans ce même jardin où Edward et Bella parlaient mariage. Oh coïncidence ! Sauf que là c’est nul. Chef d’œuvre d’anti-scénario qui a l’audace d’accumuler les pires retournements fiancés aux pires idées narratives, le film ne dit rien, ne fait rien, brasse et embrasse le vide à pleine bouche, entre deux pots de crème glacée. Jamais sexe n’avait été aussi mal introduit ; la démarche clipesque relie les scènes comme un zapping programmé sur mode aléatoire, avec musique en prime. Quant à Danny Elfman, il compose une musique en mode automatique, se contentant de réajuster les thèmes précédemment appliqués. Le réalisateur convertit le sadomasochisme - sa vision du moins, liée à celle de l'auteure originale - en un authentique viol cinématographique. Alchimiste, vraiment.