Peu importe le temps qui passe et les films qui sortent chaque année, je crois que je ne cesserais jamais d’être estomaqué de voir à quel point ce genre de produit nocif pour l’intelligence parvient, peu importe leur réputation, à engranger du blé en abusant de la crédulité du public cible.


Même quand on sait que la critique (américaine comme ailleurs) assassine un film comme La Momie d’Alex Kurtzman, il faut croire qu’il y a toujours quelqu’un pour découvrir un film en masse pour des raisons divergents selon les films. Encore que celui-là avait au moins l’excuse de Tom Cruise dans le rôle principal.


Mais les films 50 Nuances adapté des romans d’E.L. James n’ont aucune excuse pour continuer à rapporter du pognon à chaque film. Pas 10 ans après le premier Twilight pour parler d’un autre film de romance moisi, ni après 2 films quand bien même le second a beaucoup moins rapporté que le premier.


Je ne devrais pas partir avec un œil aussi malveillant sur le film sans en avoir dit grand-chose, mais soyons sérieux : qu’est-ce vous voulez qu’on dise ? Ce film est à l’image de ses 2 aînés, d’un vide scénaristique affligeant qui tente vainement de faire croire à une vie de romance pépère entre deux coquille vide dont les seuls interprétation de caractère et de personnalité ne se construisent qu’à partir de leurs répliques et de leurs actions.


Donc d’abord : côté réplique, il faudra repasser parce que dés qu’on a Anastasia qui nous sort :



Regarde autour de toi, y a des centaines de seins ! Ça pullule de
roploplos ici !



Pendant sa lune de miel à la plage, ou encore Ana et sa copine Kate avoir un dialogue très "profond" (j’insiste lourdement sur les guillemets) sur le fait qu’Ana ait changé par le mariage, ça ne peut pas aller mieux pour la suite (c’est pas du niveau du dialogue sur le repas entre Christian Grey et Anastasia dans le second film mais quand même).


Et côté actes et enjeux de couple, le spectateur lambda va vite s’exaspérer un peu plus après un premier film ou Ana était incapable de savoir si elle aimait être soumise au sadomasochisme, et un second ou Grey joue les Stalker et ou Ana est suffisamment idiote pour pardonner en une scène les coups de cravaches au fessier de la fin du premier film. Faites place ici à un Christian Grey jaloux d’un auteur qui côtoie sa femme éditrice alors que celui-ci n’a absolument rien fait de mal, en plus de ne pas vouloir laisser son épouse faire ce qui lui plaît dans sa vie quotidienne (bizarre, on m’a pourtant appris que dans une vie de couple l’un devait laisser l’autre vivre et respirer comme il le souhaitait), et de parvenir à donner un cas de conscience à Edward Cullen dans Twilight quant à la venue non désirée d’un enfant quand il éclate face à sa femme après avoir appris la nouvelle (ce qui nous amènera à la seule réponse décente et censée du film quand Ana fait savoir son mécontentement à Grey qui est retourné auprès de celle qui l’a initié au sadomasochisme et s’est saoulée),


comme si lui refuser l’orgasme lors d’une scène dans la chambre rouge n’en faisait pas suffisamment un odieux connard.


Ce n’est pas tellement mieux du côté d’Ana. Que ça soit son interprète qui manque cruellement de présence et de charme et qui joue la carte de la jalousie le temps d’une scène totalement inutile ou elle accuse une architecte blonde (et pourtant mieux potelé, disons le franchement) de faire du charme à son mari et va jusqu’à la menacer de la faire virer si elle continue sur cette voie. Donc que ça soit l’épouse ou l’époux, on repassera pour un couple fictif digne d'un animé érotique japonais.


Que dire du coup des scènes érotiques qui se font beaucoup plus absente ici encore que dans les deux premiers films ? Et se sont surtout mis en scène n’importe comment, cumulant gros plans fixes sur les sextoys quand les plans ne sont pas juste illisible via une caméra qui s’endort autant que son public, et l’éternel chanson pop qui n’a rien à faire là. Aucune surprise là-dessus quand à l’escroquerie du projet, par contre grosse tristesse provoqué par la présence de Danny Elfman qui n’a rien à faire là et dont les quelques morceaux sont tout aussi plat et unidimensionnel que le reste du film.


Pas de travail particulier sur le design sonore et ni sur la proximité de caméra puisque tout est convenu, pas même une tentative de jouer un peu avec l’éclairage pour créer une atmosphère et susciter un temps soit peu l’excitation du public (L’amant de Jean-Jacques Annaud et Love de Gaspar Noé étaient largement honnête dans le même genre, à défaut de plaire à tout le monde).


D’ailleurs la musique pop fait tellement tâche qu’elle parvient presque à atteindre le même stade de ridicule du second film avec la scène ou Grey dressait une de ses ex comme un bon toutou (véridique, il l’a fait, la preuve dans cette critique du second film auquel je vous redirige). Nous avons droit ici à une "superbe" course-poursuite entre Ana et Grey ainsi qu’une complice du bad guy, rythmé par une chanson pop lambda qui n’a rien à foutre là, juste avant que notre couple de débile s’arrête sur un parking pour faire un petit Quickly.


Enfin, en parlant du méchant, vous vous souvenez, du patron d’Ana dans le second film qui voulait l’abuser sexuellement dans son bureau (que je ne vais pas nommer, on l’aura tous oublié après le film) ? Et bien le méchant c’est lui, et il prend vachement bien son temps pour apparaître mais oublie d’être une menace tant il est lui aussi noyé par le dégoulinant spectacle de niaiserie qui s’offre à nous. Suffisamment con pour faire un rictus de psychopathe au tribunal alors qu’il vient d’être libéré sous caution (Eric Johnson est tout aussi ridicule je vous rassure), et même assez con pour ne pas se débarrasser d’Ana dans l’immédiat quand celle-ci lui apporte une rançon pour libérer la sœurette de Grey.


Et puis zut, je ne vais pas m’éterniser. Cinquante Nuances plus claires : c’est de la choucroute au sperme périmé avant l’heure, c’est à l’érotisme ce que Dakota Johnson est au charisme d’acting, c’est aussi sain pour notre santé mentale que la personnalité de Donald Trump, c’est au cinéma de romance ce que Le monde secret des Emojis ainsi que Les Trolls sont à l’animation moderne. Ce genre de comparaison rabaissant, je pourrais en faire pendant des heures que ça ne serait pas suffisant.


Mais je me contenterais de tout résumer à partir d’une scène qui reconnait totalement son échec et son absence d’histoire sur 3 films : le montage flash-back de l’avant dernière scène sado-maso, censé montrer les moments forts de cette trilogie alors qu’elle ne présente que nos deux têtes à claquer en train de s’aimer et se bécoter, sans jamais s’attarder sur leurs enjeux ou montrer un moment fort qui aurait pu mettre leur relation en péril en plus de faire abstraction, démontrant toute l’artificialité de ce pseudo-Twilight.


Je ne sais pas si on peut aller encore plus bas après ça. Parce que si on a une nouvelle relève dans les années à suivre, je ne veux même pas imaginer la forme que ça prendra. Ni même imaginer le public payer une troisième fois pour une autre saga même pas digne d'un épisode de Hélène et le garçons.
On pourra me traiter de hater ou de troll après ce que j'ai écris, mais on ne me fera pas croire ou dire que ça ou Twilight c'est bien... parce que non, ça ne l'est pas, vraiment pas.

Maxime_T__Freslon
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le 17 févr. 2018

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