Le hasard veut que cette critique a été écrite le jour du 80eme anniversaire de Francis Ford Coppola, réalisateur que j'adore, on ne va pas revenir là-dessus, mais c'est aussi une façon de mettre en lumière Cotton Club, film que je n'avais pas vu depuis une quinzaine d'années, et que j'ai réévalué à la hausse.
Après le désastre financier de Coup de cœur, Coppola n'eut d'autre choix que d'accepter des commandes afin de rembourser un film qu'il avait produit de A à Z. Il accepta de faire Cotton Club, qui était déjà en préparation, avec Robert Evans et Fred Roos à la production, ainsi que Mario Puzo à l'écriture, soit une partie de l'équipe du Parrain qui se reconstitue. Autant en 1972, cela aboutira à un chef d'oeuvre absolu, le plus gros succès de son temps, une pluie d'Oscars, ici le tournage va être une catastrophe, triplant son budget de départ, de violentes disputes entre Coppola et Evan, puis entre Coppola et (Richard) Gere, que le réalisateur ne voulait pas, pour aboutir à un bide commercial sans nom.


Pourtant, le film est ce que j'appelle séduisant, avec une direction artistique sans failles, montrant vraiment bien la naissance de ce Cotton Club, un club de jazz sur Harlem où les danseurs noirs étaient acceptés, mais pas les noirs dans le public. C'est aussi le parcours de Dixie Dwyer, un saxophoniste que joue Richard Gere, dans un endroit contrôlé par la pègre, où gravitent plusieurs personnages pas toujours catholiques.
Comme je le disais, je n'avais pas revu le film depuis très longtemps, mais en le revoyant, j'ai été séduit par la mise en scène que je trouve extrêmement gracieuse, où la caméra semble serpenter au milieu des danseuses et danseurs, à l'image d'un plan-séquence éblouissant où la caméra part des escaliers, jusqu'à la scène où se produisent des femmes. On sent que Coppola a eu les moyens de ses ambitions, avec des travellings, des grues, c'est d'une classe folle, à l'image de ces gens qui semblent tous sortis de catalogues de beauté.
Car l'autre force du film est dans son casting, aussi bien Richard Gere (qui joue vraiment du saxophone) que Diane Lane, en passant par Bob Hoskins, un tout jeune Nicolas Cage, Gregory Hynes ou Laurence Fishburne, que je trouve tous formidables. On retrouve aussi dans le film quelques apparitions de figures de l'époque, comme Lucky Luciano, Cab Calloway, James Cagney, Charlie Chaplin, et même Gloria Swanson, qui va jouer un rôle déterminant dans la carrière de Dixie Dwyer.
Quant à la musique signée John Barry, elle accompagne à merveille le film.


Tout comme dans Le parrain deuxième partie, on va retrouver un montage alterné vraiment éblouissant où le numéro de claquettes d'un danseur noir se déroule en même temps qu'une tuerie.
Je regretterais juste la profusion des personnages, qui fait par exemple que le personnage joué par Richard Gere disparait à un moment donné. Ce qui peut expliquer la raison selon laquelle Coppola voudrait proposer un nouveau montage de Cotton Club, pour l'instant inédit.


Mais malgré cela, Cotton Club est un film à redécouvrir absolument, car même si le tournage a été difficile, il n'en parait rien dans l'histoire, et cela donne un film d'une incroyable vigueur.

Boubakar
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le 7 avr. 2019

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Boubakar

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