Chaque année Woody Allen nous livre un film. En attendant Nero Fiddled, autant piocher dans un de ses vieux films (enfin 1995 n'est pas si loin que ça).

La mise en scène est simple, typique d'un Woody: des plans séquences dont les dialogues savoureux ne finissent pas, des mouvements caméra simples mais toujours pertinents, une utilisation du son simple mais efficace, et une BO qui donne toujours envie d'aller faire un tour chez le discaire du coin.

Le scénario comporte, pour moi, un point négatif: le fil rouge qu'est cette séparation de l'homme et l'artiste me semble n'être qu'un vulgaire bricolage pour tenter de donner un objectif. Comme si ça avait été ajouté à la dernière minute. Ca participe en un sens au concept jazzique du film, mais en même temps, étant fou d'une horlogerie parfaite, j'ai eu du mal à apprécier ce final mal ficelé. A part cette faiblesse dramaturgique, je dois dire que le film est très haut en couleur et riche en bonnes idées et bons traitements, tout d'abord grâce à ses personnages, tous construits et habités par leurs interprêtes. Même Jennifer Tilly prouve qu'elle aurait mérité une autre carrière après Bound.

Ensuite, le mélange des deux milieux, les artistes et les gangsters, offrent un pétillant moment de cinéma. Woody n'a pourtant rien inventé, la mafia a bel et bien financé des films; c'est dans le traitement typique du réalisateur que ça décoiffe. L'on rit beaucoup et la folie créatrice va crescendo jusqu'à un final larmoyant (je ne parle pas de la fin bricolée pour s'adapter à ce soi disant fil rouge, mais bien à l'évènement final durant la représentation).

Bref, Woody a su apporter de véritables bijoux régulièrement. Ses films ne changent pas beaucoup , c'est vrai; on peut aussi lui reprocher de prendre rarement des risques (on va dire que la décennie 2000-2010 fut la plus audacieuse depuis bien longtemps) mais ce n'est pas grave. Après tout, ceux qui aimeront Woody savent que le plus important dans ses films, ce n'est pas qu'il tente de marquer l'histoire en réinventant le cinéma, mais juste qu'il s'exprime à travers son verbe qu'est le cinéma. C'est donc dans la plus grande hâte que j'attendrai son prochain film qui marquera, en plus, son retour devant la caméra.
Fatpooper
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le 27 févr. 2012

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