Je revois toujours avec plaisir cette kung fu comedy, qui me donne envie de découvrir plus de Stephen Chow (ndlr : je ne connaissais rien d'autre que Shaolin soccer, mais j'en ai bouffé depuis). Sa force, c'est d'abord son esthétique colorée à la Suzuki qui apporte une atmosphère décalée vraiment appréciable, puis son ton qui ne se prend jamais au sérieux. Le tout combiné à un véritable hommage au genre '70, servi par des chorégraphies qui livrent la marchandise. Un sentiment de puissance se dégage de ces personnages des pauvres quartiers que j'ai rarement retrouvé ailleurs que dans les mangas, et qui auront à livrer bataille contre le gang à la hache sévissant en ville (et surtout leurs tueurs à gage), qui jouent par ailleurs beaucoup autour du sentiment qu'ils vont se faire dérouiller (la grosse tapette, la propriétaire aux bigoudis et à la cigarette au bec, etc.). Et plus ils ressemblent à rien, plus ils envoient du lourd.


On se prend en pleine figure un paquet d'effets numériques, et si d'habitude ça ruine l'effet authentique des combats, ici au contraire, ça sert brillamment l'esprit cartoon, délirant, et surréaliste de la bobine où tout le monde a l'air d'être invincible ou presque (à ce titre Lam Suet prend cher). Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à une histoire absolument géniale dans le fond, mais le style Stephen Chow, très différent de celui de Jackie Chan, apporte le petit plus qui fait la différence en nous surprenant constamment par de petits détails incongrus et surprenants (genre le gamin qui se promène le cul à l'air, ou le couple qui règle ses comptes à coup de mandales dans la tronche), des références à la pelle (bip-bip et le coyotte, Shining, Matrix, le western, et bien sûr les films de la Shaw brothers). Sans oublier son petit coeur tendre, car on s'attache facilement à ces losers apparents, et à cette fille muette qui va réveiller la sensibilité de ce personnage incarné par S. Chow, en premier lieu maladroit, naïf, et pitoyable (j'adore cette scène où un clochard lui vend ce guide de kung fu pour les nuls), puis rayonnant lorsque vient sa métamorphose en grand maître d'arts-martiaux.


J'ai peu de bémols à soulever, mais j'aurais bien aimé un peu plus d'affrontements, et j'avoue qu'on reste un peu sur notre faim avec un combat final qui se règle trop rapidement. Bref, si au Japon nous avons Matsumoto pour son humour coloré, absurde, et non-sensique, en Chine nous avons Stephen Chow pour nous stimuler les zygomates dans le même sens. Mangez-en, c'est bon pour la santé.

Arnaud_Mercadie
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le 22 avr. 2017

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Dun

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